Critique :
C’est l’histoire d’une rupture, vécue. Comme chacune et chacun en a subi ou provoqué. Avec un mélange de bonne et mauvaise foi. Avec des odeurs et des regrets. Des bleus à l’âme et fatalement des coups bas. Un jour on part mais quand on revient, oh rage, la place est prise, la rivale installée, bientôt avec un gosse. Crises, éclats, début d’hystérie. On se calme, on fait les comptes, tous les comptes. Le partage dérisoire des objets, la coupure des assurances voiture, tout ce quotidien un peu sordide qui vous envahit, au bord de la nausée. " Ah ! quand on se sépare c’est plus cher, c’est ça? ". Des odeurs aussi qui vous collent à la peau, bien au-delà de la chute finale. Des souvenirs qui arrivent en rafale lors d’une échappée belle en Afrique, qui soudain permet de se ressourcer, de " refaire connaissance avec moi, de me sentir vivante autant que minuscule, devant ces étendues, en tête à tête avec le rien ". Après tout ce quotidien crépité en rafales, ce moment de lyrisme ouvre un horizon et ramène l’espoir. La reconquête de soi ne viendra toutefois pas de l’évasion poétique mais de la patiente et méthodique action sur son corps par un sport inattendu chez une jeune femme : la boxe.
La boxe, remède et chorégraphie..
"Je suis un poids plume" est le récit d’une guérison par un sport apparemment violent mais "je n’ai jamais aimé la violence. Jamais aimé le goût du sang. Ce n’est pas pour ça que je fais de la boxe". Et elle nous le prouve, visuellement, par une démonstration technique impressionnante de son apprentissage à ce sport. "C’est pas du fitness, prévient Ben, l’entraîneur. La boxe c’est de la danse et il veut voir de beaux mouvements, pas n’importe quoi ". Ben, qu’on verra conclure avec Stéphanie un petit round de boxe chorégraphiée, résume ainsi tout le charme que produit cette performance. Son texte est rythmé de l’intérieur comme un combat, coups secs à l’adversaire, mêlées plus sauvages, entraînement intense où la parole émerge d’un corps beau et vigoureux. On en suit les malheurs et la reconquête de soi à partir d’un morceau d’anthologie : son premier combat, perdu, de 3 X 2 minutes, qui lui permettra de progresser et de vaincre sur les deux fronts, intérieur et extérieur : "Quand tu crois que tu ne peux plus tu peux encore".