Extraits
"Il se peut que votre fille n’ait pas d’utérus. Pour moi, c’était un peu comme si on m’annonce la mort de quelqu’un et puis je n’y crois pas. C’était un peu un coup de bambou. Entendre dire qu’une fille peut ne pas avoir d’utérus, c’était quelque chose d’irréel."
"Le syndrome de Rokitansky-Küster-Hauser, c’est des jeunes filles normales, qui ont eu une puberté normale, qui ont des seins normaux, une pilosité pubienne normale, mais qui n’ont pas de règles. Et donc, la première chose qu’on se pose comme question, c’est de savoir s’il y a une explication à cette absence de règles, alors on fait un bilan hormonal et on s’aperçoit que tout est normal.
C’est quelque chose qui est assez rare. Cela touche une jeune fille sur 4500, ce n’est pas si fréquent que ça. C’est lié à une anomalie de la formation des organes sexuels internes de la femme. Il manque la partie basse de l’utérus, cette fusion basse qui s’appelle l’isthme. Il manque le col et la partie postérieure du vagin, alors que la partie antérieure du vagin, qui n’a pas la même origine embryologique, est normale."
"J’ai vu les clichés de la vie s’évanouir. Une mère qui donne le sein à son bébé. Une grand-mère qui fait des gâteaux pour ses petits-enfants."
J’ai 18 ans dans 9 jours,
et je suis une femme sans en être une.
"Cet enfant m’est refusé maintenant, comme pour m’indiquer que mon destin est ailleurs."
"Tu avais tout ce qu’il fallait pour vivre. Tout comme quand tu prends la mer, tu la prends avec les contraintes qu’elle te donne et tu en tires éventuellement bien du plaisir. C’est une victoire humaine que de ne pas se laisser identifier par le syndrome qu’on a. "
"Tout le monde rêve d’être normal entre guillemets. La nature est tout le temps en train d’essayer des choses différentes. Il y a une norme et il y a beaucoup de variations autour de la norme, et partout, chez les plantes, chez les animaux, chez nous. Il y a des fleurs qui ont des doubles corolles alors qu’elles ne devraient en avoir qu’une et ça ne nous gêne pas beaucoup dans l’ensemble."
"Internet n’existait pas, je me croyais seule au monde à avoir ça. J’avais peur qu’on ait pitié de moi, qu’on me prenne pour un monstre. Alors j’ai gardé ça pour moi."
"A 44 ans, je me suis installée à Bruxelles avec Anthony. J'ai pris contact avec l'association MRKH de Belgique, pour pouvoir discuter de cette sensation d'identité fluctuante. La porte-parole m'a proposé de venir avec elle à une rencontre avec une asbl qui représentait les intersexes. (...) Et c'est là que ça m'a sauté aux yeux qu'en fait, nous étions nombreux, presque aussi nombreux que les personnes aux cheveux roux ou que les gens avec des yeux verts !"