Tout le monde connait le suédois Stieg Larsson en tant qu’ auteur de polar. Sa série Millenium, publiée entre 2005 et 2007 après sa mort à seulement 50 ans, a connu un succès mondial : plus de 26 millions d’exemplaires vendus jusqu’en juillet 2010, cinquante millions fin janvier 2011.
Ce que l’on sait moins, c’est que Stieg Larsson a passé une grande partie de sa vie de journaliste à traquer et analyser le fonctionnement des mouvements d’extrême droite en Suède. Graphiste dans la très réputée agence de presse suédoise TT ( Tidningarnas telegrambyrå), il est en bouclage, le 26 février 1986, quand il entend un coup de feu dans le quartier, peu après 23 heures. Il ne se doute pas, à cette heure- là, que ce coup a été fatal au premier ministre de son pays, Olof Palme, tué à la sortie du cinéma Grand, au croisement des rues Sveavâgen et Tunnelgatan, en plein centre de Stockholm. À 23H21 très exactement.
Trente-trois ans plus tard, cette affaire criminelle n’est toujours pas résolue. Mais dès les jours qui suivent l’assassinat, Stieg Larsson est convaincu d’une chose : il a été orchestré par l’extrême-droite. Commence alors pour lui cette " folle enquête" qui lui ouvre des pistes en Afrique du Sud, en Angola, au Mozambique , à Chypre, en passant par la Turquie. Une enquête racontée, et étoffée par le journaliste Jan Stocklassa, qui, après la mort de Stieg Larsson, a eu accès à l’intégralité de ses archives, entreposées dans un hangar.
Un virus contagieux, mais toujours pas d’autopsie.
Le livre de Jan Stocklassa , construit comme un polar, se présente en deux parties : la première est centrée sur le personnage de Stieg Larsson. Après quelques pages sur son enfance, pages importantes parce qu’elles montrent où Stieg Larsson a trouvé le terreau de ses convictions de gauche, on le retrouve à l’époque du meurtre d’Olof Palme. Et l’on voit comment, plus de dix ans durant, il délaisse peu à peu ses activités principales de graphistes et sa vie privée pour enquêter avec un acharnement presque surhumain sur la nébuleuse de l’extrême droite suédoise et ses ramifications internationales, notamment en Afrique du Sud. Une enquête dont on trouve d’ailleurs des traces, ici et là, dans les trois premiers tomes de "Millenium".
La seconde partie présente en parallèle les pistes suivies par les enquêteurs sur le meurtre de Palme – notamment la piste kurde, qui aura égaré l’enquête pendant de nombreuses années- et les pistes suivies par Stieg Larsson. Son travail d’enquête était déjà très fouillé lorsqu’il meurt d’une crise cardiaque, peu de temps après avoir reçu la réjouissante nouvelle que les trois tomes de "Millenium" sont acceptées par son éditeur.