Tsimtsoum, c’est la rencontre d’un juif athée, Jacques ou Jacob, et de Dieu. Une querelle entre les deux protagonistes qui s’inscrit dans la longue tradition des procès que font les prophètes à Dieu. La lecture spectacle se tient à la Cathédrale Saint-Michel et Gudule, un cadre qui pourrait sembler à première vue étonnant en rapport avec le sujet du texte, pourtant le père et doyen de la Cathédrale, Benoît Lobert, est l’instigateur de cette représentation unique, ayant convié Jacques Sojcher à porter son texte à la scène dans la maison du Seigneur.
"Il y a beaucoup de chambres dans la maison du Père", dit l’Evangile. Jacques Sojcher reprend cette phrase à son compte en déclarant qu’"il y a beaucoup de chambres dans la maison des athées". Lui fait partie des athées mystiques car "la vie est mystérieuse, l’amour est mystérieux". Du mystère il dit qu’il est : "partout autour de nous, c’est l’inattendu, l’incompréhensible, quelque chose qui relève de la magie de l’enfance". Il s’interroge : "Peut-être y a-t-il une enfance persévérante en moi ?". Quoi qu’il en soit, Jacques Sojcher rattache son athéisme à un évènement marquant de son enfance, la perte de son père, disparu à Auschwitz.
Mon père, déporté quand j’avais quatre ans, était très religieux. S’il avait vécu, sans doute aurais-je été un chantre de la synagogue. Mon athéisme est certainement né avec cet évènement, il y a tellement de miracles dans toutes les religions, alors pourquoi pas un miracle de plus ?
Tsimtsoum pose l’éternelle question : "Si Dieu est bon, pourquoi le mal existe ?". Le tsimtsoum est un concept issu de la Kabbale qui signifie "contraction" et qui consiste dans le fait que Dieu se retire pour laisser les hommes et les femmes libres de leurs choix. Néanmoins, dans Son absence, il est toujours présent… Dans Tsimtsoum, Dieu (ou plutôt la voix de Dieu car dans le judaïsme Dieu est invisible et toute représentation de Lui est interdite) souhaite reproduire la lutte de Jacob avec l’ange (Livre de la Genèse, chapitre 32), l’enjeu pour lui étant de se retirer car il se rend compte que l’usage qu’on a fait de Lui, soit la théologie politique, est un échec de son message. Face à ce départ, l’athée devrait être content, et pourtant… Si Dieu s’en va, c’est son père qui meurt une deuxième fois puisque lui croyait en Dieu. "On peut en finir avec la personne miraculeuse de Dieu, nous dit Jacques Sojcher, mais pas avec Dieu, on n’en a jamais fini avec Dieu."