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Italie: mort du leader radical Marco Pannella, libéral, libertaire et libertin

Marco Pannella en campagne en 1994

© AFP

Par S.F.

Figure de proue des droits civils en Italie et leader des radicaux, Marco Pannella, est décédé ce jeudi à Rome. Âgé de 86 ans, celui que l'on surnommait "le lion des libertés", luttait depuis plusieurs années contre le cancer. Une maladie qu'il avait tenu à affronter, comme chacun de ses combats, publiquement.

65 ans de luttes politiques

Né à Teramo en 1930, Marco Pannella décroche son diplômé de droit en 1950. Ses premières implications politiques se feront au sein de la jeunesse libérale et de l'Unione goliardica italiana. Mais l'expérience est de courte durée. Dès 1955, il fonde, avec Mario Pannunzio, Andrea Carandini et Leone Cattani, le Parti Radical, dont il devient le secrétaire en 1963.

Marco Pannella et son cigare, Rome, 1999

Avec le slogan "Un parti neuf pour une politique neuve", le mouvement se fait remarquer, entre autres choses, par la possibilité laissée à ses affiliés de s'affilier également à un autre parti.

En 1974, Marco Pannella débarque sur le devant de la scène suite à ses combats en faveur du divorce et de la guerre non-violente, un thème auquel il restera attaché jusqu'au bout. Un an plus tard, une de ses batailles les plus célèbres, celle en faveur de la dépénalisation des drogues. Cette revendication le portera d'ailleurs derrière les barreaux pour avoir fumé un joint en public.

Sept ans plus tard, c'est le droit à l'avortement qu'il soutient lors du référendum de 1981. Autre combat, autre victoire.

Elu à la Chambre des députés italienne en 1979, 1983 et 1987, Pannella, fidèle à son style direct, débarque avec fracas au Parlement européen en 1979 entraînant avec lui l'écrivain Leonardo Sciascia. Une habitude, celle de s'entourer de personnalités médiatiques, qu'il perpétuera au fil des différents scrutins. Parmi ses colistiers, la plus célèbre est sans doute l'actrice pornographique Ilona Staller, plus connue sous le pseudonyme de Cicciolina.

Avec les années 90, la courbe de ses combats devient inversement proportionnelle à ses succès. En politique d'abord, où sa "Liste Pannella" ne recueille finalement que 1,2% des voix et sept députés lors des élections de 1992. S'en suivent quelques décisions stratégiques contestées par sa base électorale, comme celle de s'allier à Silvio Berlusconi en 1994.

Un 21ème siècle plus folklorique qu'efficient

Le nouveau millénaire voit Marco Pannella se perdre un peu plus dans les paradoxes. Plus présent que jamais dans les médias, ses contradictions (en faveur de l'intervention militaire en Afghanistan et au Kosovo, mais contre en Irak) l'amèneront à de fortes frictions avec d'autres mouvements italiens, notamment les pacifistes.

Peine de mort, amnistie des détenus, euthanasie, les nouvelles batailles ne font plus recettes auprès d'une société italienne en pleine mutation. Pas même ses grèves de la faim à répétition ne permettront de mobiliser l'opinion publique comme ce fut le cas par le passé.

À l'annonce de son décès, de nombreux hommes politiques, dont le "Premier ministre" Matteo Renzi (PD), ont salué la passion et les excès de cet homme qui a compté parmi ses proches des personnages allant de Sartre au Dalai Lama et pour qui l'intérêt public se devait de primer sur l'intérêt privé.

L'hommage rendu par le parti radical à Marco Pannella:

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