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Italie : après les inondations, la relance de l’agriculture est une priorité majeure pour les agriculteurs mais aussi pour les consommateurs

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Voilà plus d’une semaine que la région italienne de l’Emilie Romagne a été dévastée par de terribles inondations. Quinze personnes sont décédées et  les dégâts sont estimés à cinq milliards d’euros. Quelle est aujourd’hui la situation ? Notre correspondante en Italie, Valérie Dupont, fait le point.

Une équipe de Bfast en route vers l’Italie, quel sera son rôle ?

Le convoi de Bfast va installer son camp de base à Imola, entre Bologne et Rimini, ils arriveront ce vendredi après midi. Les 15 membres de l’unité devraient être opérationnels samedi, avec deux puissantes unités de pompage, qui peuvent absorber 6000 mètres cubes d’eau ou de boue par heure. De nombreux endroits sont encore sous eau, notamment autour de Ravenne, ce qui rend les pompes indispensables. Outre la Belgique, de nombreux pays ont envoyé des moyens pour faire face aux pires inondations de l’histoire récente en Italie.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni (G) et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à bord d’un hélicoptère survolant les zones inondées près de Bologne dans la région d’Émilie-Romagne.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni (G) et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à bord d’un hélicoptère survolant les zones inondées près de Bologne dans la région d’Émilie-Romagne. © AFP – HANDOUTHandout / Palazzo Chigi press office / AFP

Et hier la présidente de la Commission européenne est venue sur place accompagnée de Giorgia Meloni, la présidente du conseil des ministres. "Simplement, je suis ici pour vous dire une chose claire, et ce message clair est que l’Europe est avec vous, a déclaré Ursula von der Leyen. C’est évident que cette catastrophe a immédiatement mis en route le système de solidarité de la protection civile en Europe, neuf États membres se sont immédiatement portés volontaires pour aider, il y a des pompes qui arrivent depuis la France, la Belgique, la Slovaquie, Slovénie, et plus de mille personnes pour travailler avec ces pompes. Donc c’est le meilleur de la solidarité européenne. Mais je suis aussi profondément impressionnée par les centaines de volontaires italiens, les anges de la boue, qui sont venus ici. C’est impressionnant de voir comment la solidarité a un impact positif."

Région de Cesena, le 18 mai 2023
Région de Cesena, le 18 mai 2023 © Alessandro SERRANO / AFP

L’Italie va demander l’aide du fonds de solidarité européen. Quel est le bilan actuel des montants financiers nécessaires et de l’étendue des dégâts ?

l’Italie va déclencher la procédure pour obtenir de l’aide et des financements européens : fonds de cohésion, fonds de solidarité mais aussi les fonds pour l’agriculture, car 42% des terres agricoles de la région sont touchées par la catastrophe. Cette région est le verger et le potager de l’Italie, l’agriculture est une urgence non seulement pour les agriculteurs mais aussi pour les consommateurs.

Cette région est le verger et le potager de l’Italie, l’agriculture est une urgence non seulement pour les agriculteurs mais aussi pour les consommateurs.

C’est un peu tôt pour chiffrer avec précisions les dégâts, la région parle de cinq milliards d’euros au moins, et le gouvernement italien a déjà trouvé deux milliards d’euros dans les différents ministères pour intervenir au plus vite. Il va falloir soutenir aussi économiquement les familles qui se retrouvent sans revenus car leurs activités sont détruites totalement. Sans oublier les dégâts aux biens culturels. Là l’Italie prévoit d’augmenter d’un euro le prix des tickets dans les musées pour avoir les fonds pour la rénovation des œuvres d’art.

Il y a aussi de gros dégâts aux infrastructures puisqu’on dénombre plus de 400 glissements de terrain. Des communes entières sont encore inaccessibles.

Des volontaires de la protection civile italienne et de l’association ANPAS (Association nationale pour l’assistance publique) ont installé une cuisine mobile pour fournir des repas aux volontaires qui aident les autorités à gérer la situation d’urgence,

En Belgique, après les inondations de 2021, il y a eu une prise de conscience des changements climatiques et de la fragilité du territoire. Est-ce que c’est la même chose en Italie ?

Une prise de conscience sur la fragilité du territoire et sur le manque d’action de ces dernières décennies, oui. "Il va falloir mettre sur pied un grand plan national d’intervention", martèle Elly Schlein, la présidente du Parti démocrate. La gauche italienne a pour la première fois, une vraie fibre écologiste. Elle reconnaît que son parti, lorsqu’il était au pouvoir n’a pas fait suffisamment.

94% des communes italiennes sont à risque de coulées de boue en cas d’événements météorologiques extrêmes.

94% des communes italiennes sont à risque de coulées de boue en cas d’événements météorologiques extrêmes.

Outre ces dernières semaines, rappelons qu’en novembre dernier, il y a eu 12 morts à Ischia pour une coulée de boue. En septembre 2022, 12 morts dans la région des Marche… Et la liste est longue. Ursula von der Leyen a d’ailleurs rappelé que six milliards du plan de relance européen peuvent être investis dans la prévention de ces catastrophes. Et là, l’Italie pèche clairement pas son inaction.

Quant aux changements climatiques, dans un pays qui souffre autant de la sécheresse et d’évènements violents comme celui-ci, la population est sensible à la question… La politique un peu moins. On sait que le programme du parti de Giorgia Meloni 'Fratelli d’Italia' ne mentionne jamais le problème du climat et le chef de groupe du parti au sénat a encore déclaré hier que le "changement climatique n’est pas un dogme et que toutes les catastrophes ne doivent pas aboutir sur cette question". Difficile donc de penser que la prise de conscience va apporter des changements concrets sur la question.

Une route inondée dans la ville de Lugo le 18 mai 2023, après les  fortes pluies dans la région de l’Emilie Romagne
Une route inondée dans la ville de Lugo le 18 mai 2023, après les fortes pluies dans la région de l’Emilie Romagne © Andreas SOLARO / AFP

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