Une gigantesque forêt au cœur des États-Unis. Une famille procède à l’enterrement du grand-père, victime d’une terrible infection. Ensuite elle retourne se calfeutrer dans son chalet, dont toutes les fenêtres ont été occultées. Quelle est la nature de l’épidémie qui menace la région ou, plus largement, le pays ? On ne le saura pas. Survient alors une autre famille, aux abois, qui demande de l’aide aux habitants du chalet. Récalcitrants, ceux-ci acceptent, en imposant leurs règles de vie : interdiction formelle, sous aucun prétexte, de sortir le soir…
La menace reste invisible
Avec "It comes at night", le réalisateur Trey Edward Shults revient à la règle fondamentale du film d’épouvante : suggérer et ne pas montrer. Avec le déluge d’effets spéciaux rendus possibles par l’émergence des images de synthèse, cette règle avait été perdue de vue par toute une génération de réalisateurs de films d’horreur, qui se sont lancés dans une surenchère démonstrative de plus en plus inefficace, banalisant les monstres de tout poil… Ici, c’est tout l’inverse : la menace reste invisible, indistincte, et plane comme une épée de Damoclès sur tous les protagonistes de ce huis-clos. Mais pour que "It comes at night" génère un vrai climat d’angoisse, il fallait aussi soigner les rapports psychologiques entre les protagonistes, et le jeu des acteurs. Dans le rôle du pater familias qui impose les règles, l’acteur australien Joel Edgerton (qui avait réalisé l’excellent "The gift") impose une vraie présence.
Après le très réussi "Get out" sorti il y a quelques semaines, le thriller fantastique semble retrouver une forme olympique grâce à une nouvelle génération d’auteurs dans le cinéma américain indépendant, qui revient aux fondamentaux du genre.