Une journée d'affrontements
Malgré les mises en garde du Premier ministre Recep Erdogan, les manifestants avaient à nouveau investi mardi soir la place Taksim. Les policiers turcs les ont repoussés à l'aide de gaz lacrymogène et d'autopompes, au terme d'une journée d'affrontements avec les contestataires et une première évacuation mardi matin.
Au douzième jour de la contestation née autour d'un projet immobilier visant à bâtir un centre commercial ou un musée de style "caserne ottomane" sur un petit parc Gezi jouxtant la place de Taksim, les choses avaient pris une tournure plus tendue, alors que le Premier ministre a annoncé qu'il ne tolérerait plus la contestation.
Mardi jour de grand nettoyage
Peu après 7h30 locales mardi, les forces de l'ordre sont intervenues manu militari sur la place, repoussant des centaines de protestataires qui y avaient passé la nuit en tirant des grenades lacrymogènes ou des billes de plastique et en utilisant des canons à eau.
Après trois heures d'échauffourées, les forces de l'ordre sont parvenues à éloigner les contestataires du centre de la place. La plupart des drapeaux et des banderoles qui hérissaient Taksim ont été rapidement enlevés et des pelleteuses ont démantelé les barricades érigées dans la plupart des rues menant à la place.
La police a investi le parc Gezi, et chassé les occupants. Mardi après-midi, la tension est remontée d'un cran. Des groupes de manifestants casqués et équipés de masques à gaz ont riposté par des jets de pierre et de cocktails molotov.
Hier soir, la police s'étant retirée sur les bords de la place, des milliers de personnes l'ont à nouveau occupée. Mais au coucher du soleil, la police les a repoussés à coup de grenades lacrymogènes et d'arroseuses. Plusieurs petits foyers d'incendie étaient visibles sur la place.
Le parc Gezi transformé en hôpital de campagne
Si les policiers anti-émeute ont pris le contrôle de la place Taksim adjacente à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, ils ne sont pas entrés dans le parc. Malgré les nuages de gaz qui l'ont envahi, de nombreux blessés affluaient dans un des quatre centres de premier soin qui y ont été installés.
L'arrivée de blessés "urgents", portés sur des brancards de fortune, y était annoncée par un coup de sifflet. "Au cours de la dernière heure, environ 25 blessés sont passés par notre centre avant d'être transportés par ambulance vers des hôpitaux", a expliqué une infirmière volontaire, parlant sous couvert de l'anonymat. "Il s'agit principalement de brûlures, de personnes qui ont été touchées par des grenades lacrymogènes, à la tête ou ailleurs, de personnes qui sont tombées, de fractures, de crises d'asthme, de points de suture à poser", a-t-elle précisé à l'AFP.
Autour de la place, les combats se poursuivaient en fin de soirée dans les petites rues, les policiers répondant à coups de gaz lacrymogènes aux pierres lancées par des petits groupes de jeunes Turcs.