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Gaza: "trêve humanitaire" avortée, accord sur un nouveau cessez-le-feu

Comme depuis le début des frappes israéliennes, les enfants palestiniens paient un lourd tribut. L'armée israélienne a tué beaucoup plus d'enfants que de combattants, rappellent plusieurs ONG.

© SAID KHATIB - BELGAIMAGE

Par AFP

"Les contacts de l'Egypte avec les différentes parties ont réussi à obtenir une trêve de 72 heures à Gaza à partir de 05H00 GMT demain (mardi) matin et que le reste des délégations se rende au Caire pour de plus amples négociations", a-t-il dit, alors qu'une délégation palestinienne est au Caire depuis dimanche soir. Israël avait de son côté refusé d'envoyer des représentants en Egypte.

Rupture sanglante de la "trêve humanitaire" ce lundi

"Nous reprenons nos opérations, dont les raids aériens sur les infrastructures terroristes à Gaza (...) nous poursuivons le redéploiement dans la bande de Gaza, même s'il y a bien des forces qui sortent de Gaza", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée Peter Lerner.

Alors que l'Etat hébreu observait encore cette trêve décrétée à partir de 10H00 locales (07H00 GMT), le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'offensive sur la bande de Gaza se poursuivrait jusqu'au "rétablissement de la sécurité" pour les Israéliens, faisant fi des appels internationaux au cessez-le-feu.

"La campagne à Gaza se poursuit (... elle) ne prendra fin que quand les citoyens d'Israël auront recouvré le calme et la sécurité de manière prolongée", a affirmé selon un communiqué Benjamin Netanyahu, au lendemain d'une volée internationale de critiques suscitées notamment par une nouvelle frappe sur une école de l'ONU à Gaza.

Pendant la trêve, les frappes de l'aviation israélienne ont atteint une bâtisse dans le camp de réfugiés de Chati, construit en dur. Plusieurs témoins et correspondants de l'AFP ont indiqué avoir entendu un missile qui provenait d'un avion et qui s'est écrasé sur le bâtiment de trois étages.

L'armée israélienne a dit examiner les faits. Quelques minutes après 10 heures (7H00 GMT) selon tous les témoignages et donc après l'entrée en vigueur de la trêve israélienne, un appareil "F-16 a tiré sur les maisons. Il n'y a pas de trêve. Comment pourrait-il y avoir de trêve ? Ce sont des menteurs, ils ne respectent pas leurs engagements", rageait Ayman Mahmoud, un voisin.

Sur place, près de la plage à moins d'un kilomètre des hôtels où sont basés la majorité des journalistes couvrant le conflit, le bâtiment et peut-être l'immeuble voisin ont été réduits en un immense monticule de gravats entremêlés de tiges de métal, de casseroles, d'éclats de verre et d'un tricycle en plastique pour enfants, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Les jeunes hommes du quartier et les services d'urgence ont aussitôt pris d'assaut les lieux et formé une chaîne humaine pour retirer les débris, criant aux badauds de dégager les lieux pour ne pas entraver la recherche d'éventuels miraculés.

Tsahal annonçait pourtant une trêve

Après une demi-heure, la fillette inerte, a été extirpée des décombres.

"Ils disent que des combattants se cachent ici, mais nous ne sommes que des civils", s'indignait un voisin sur le plancher jonché d'éclats de verre de sa maison sévèrement endommagée par les tirs.

Dans un communiqué de l'armée diffusé au 28e jour de son conflit avec le Hamas, Israël avait annoncé s'abstenir lundi de tout tir pendant sept heures de "fenêtre humanitaire".

Le cessez-le-feu était censé être observé entre 07h00 et 14h00 GMT sauf sur la partie située à l'est de la ville de Rafah, au sud de l'enclave, "où des affrontements sont encore en cours et où est maintenue une présence militaire israélienne", précise le texte.

Mais comme indiqué, cet engagement n'a pas été respecté.

Une troisième école-refuge de l'ONU frappée, Israël dit avoir visé une moto à proximité

Mais c'est bien la frappe de dimanche contre l'école gérée par l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) -transformée en centre d'accueil pour environ 3000 réfugiés- qui a provoqué l'indignation de la communauté internationale. Le tir est intervenu alors même qu'Israël opérait un début de retrait unilatéral de ses troupes au sol dans la bande de Gaza.

Dimanche soir, la responsabilité de la frappe intervenue à Rafah n'avait pas été formellement établie. L'armée israélienne a déclaré avoir "pris pour cible trois terroristes du Jihad islamique montés sur une moto à proximité d'une école de l'UNRWA à Rafah", la ville du sud du territoire soumise depuis vendredi à un pilonnage intensif.

C'est la troisième fois en 10 jours qu'une école de l'ONU est atteinte. Une trentaine de Palestiniens ont déjà été tués dans des frappes sur des écoles à Beit Hanoun le 24 juillet et à Jabaliya le 31 juillet.

Dans un communiqué publié dans les premières heures lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que contrairement aux miliciens islamistes du Hamas, qui ont tiré ces dernières semaines des milliers de roquettes visant des civils israéliens, Israël ne cible pas de civils palestiniens.

Dimanche, 71 personnes ont encore péri dans le seul secteur de Rafah, selon les secours locaux, et sept autres ont été tuées dans la soirée dans le nord de la bande de Gaza.

Gaza : factuel

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Scènes de chaos

"C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel", ainsi qu'une "nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international", s'est indigné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits "consternés" par un "bombardement honteux".

M. Ban et Washington n'ont pas désigné expressément Israël comme responsable. Mais ils ont souligné que l'armée israélienne était très bien informée de la localisation des refuges de l'ONU.

Le président français François Hollande a jugé "inadmissible" le bombardement de cette école et demandé que les responsables de cette action, qu'il n'a pas désignés, "répondent de leurs actes".

Un correspondant de l'AFP a rapporté des scènes de chaos, les secouristes se démenant comme ils pouvaient pour évacuer les blessés, au milieu de Gazaouis courant hors d'haleine dans les mares de sang avec des enfants dans les bras.

Prises par les photographes de l'AFP à la morgue, les images de bébés morts ou de proches pleurant les neuf membres de la famille al-Ghul décimée par une frappe sur leur maison rendent compte du sort subi depuis vendredi par la population de Rafah.

Les Palestiniens accusent les Israéliens, qui accusent à leur tour le Hamas de se servir des civils comme boucliers humains et des hôpitaux et des écoles pour tirer des roquettes sur Israël.

Mais même cela "ne justifie pas des raids qui mettent en danger autant de vies de civils innocents", a dit le département d'Etat américain.

Gaza : la cruauté des chiffres

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"Cette folie doit cesser", a dit le secrétaire général de l'ONU tandis que les appels au cessez-le-feu d'une communauté internationale jusqu'alors impuissante se faisaient plus pressants.

Israël poursuit cependant l'opération "Bordure protectrice", déclenchée le 8 juillet pour tenter, selon son gouvernement, de faire cesser les tirs de roquettes et détruire les tunnels permettant au Hamas d'intervenir sur le sol israélien.

Mais l'armée israélienne a confirmé pour la première fois officiellement dimanche avoir entrepris de retirer un certain nombre de soldats, sans préciser combien, tandis qu'elle en redéployait d'autres à l'intérieur de la bande de Gaza.

L'Egypte pour une nouvelle trêve

"Nous en retirons certains, nous en changeons certains (de position) à l'intérieur (du territoire), cette mission est en cours", a dit à l'AFP le porte-parole de l'armée, Peter Lerner.

Une centaine de chars auprès desquels des soldats s'affairaient ou prenaient du repos stationnaient dimanche côté israélien après avoir franchi la frontière de Gaza qu'ils avaient passée dans l'autre sens le 17 juillet, quand l'armée avait mis en oeuvre la phase terrestre de "Bordure protectrice".

Sans parler de début de retrait, M. Netanyahu avait laissé entendre samedi soir que l'opération allait entrer dans une nouvelle phase, maintenant que l'armée avait presque achevé son entreprise de démolition des tunnels.

Cette partie de l'opération sera terminée "probablement au cours des prochaines 24 heures", a assuré M. Lerner. Mais "la mission se poursuit, elle n'est pas terminée", a-t-il répété, précisant juste: "On change de braquet".

Une délégation palestinienne, composée notamment de responsables du Hamas et de l'Autorité palestinienne que dirige Mahmoud Abbas, est tombée d'accord dimanche sur un ensemble de demandes pour une trêve avec Israël, parmi lesquelles la levée du blocus imposé à Gaza depuis 2006. "L'Egypte dirige des efforts internationaux pour une trêve humanitaire de 72 heures et un cessez-le-feu bilatéral à partir de 08H00 (05H00 GMT) demain (mardi)", a déclaré lundi au Caire un membre de la délégation, ajoutant que toutes les factions palestiniennes avaient accepté cette proposition. "Peut-être annoncerons-nous un cessez-le-feu dans les prochaines heures", a pour sa part déclaré à une radio palestinienne un autre membre de la délégation, Ziad El-Nakhale, qui représente le Jihad islamique.

Plus tard dans la soirée, "les contacts de l'Egypte avec les différentes parties ont réussi à obtenir une trêve de 72 heures à Gaza à partir de 05H00 GMT demain (mardi) matin et que le reste des délégations se rende au Caire pour de plus amples négociations", a annoncé un responsable égyptien, alors qu'une délégation palestinienne est au Caire depuis dimanche soir.

Une "catastrophe sanitaire de grande ampleur" est cependant toujours en cours dans la bande de Gaza, dont les 1,8 million d'habitants sont pris au piège des combats sur un tout petit territoire, s'est alarmée l'ONU.

RTBF avec AFP

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