Isabelle Stengers est philosophe, professeure émérite à l’Université Libre de Bruxelles et autrice d’une œuvre importante qui place au centre de sa réflexion des thèmes comme la philosophie des sciences et l’écologie. Avec son collègue Didier Debaise, elle a co-dirigé l’ouvrage collectif Au risque des effets. Une lutte à main armée contre la Raison ?. Ils y rejettent une partie de l’héritage des Modernes qui "se font un droit d’exclure" pour obtenir une question dont la réponse sera toujours garantie.
Isabelle Stengers dénonce cette tentative d’aller vers ce qu’on nomme "l’universel". "L’universel, c’est ce qui vaut partout, c’est ce avec quoi on sera toujours chez nous, où qu’on aille", nous dit-elle. Une définition que l’on pourrait, fait-elle remarquer, tout à fait appliquer également à la colonisation puisque "les colonisateurs veulent être chez eux où qu’ils aillent, et ce qu’ils apportent, c’est le savoir universel". Drôle d’histoire que l’on enseigne aux philosophes modernes donc… Une histoire où la raison est brandie comme une arme. Isabelle Stengers propose le chemin inverse : arrêter d’avoir peur et accepter le fait que poser des questions peut-être une aventure risquée… Elle appelle de ses vœux une réappropriation collective du pouvoir de penser l’avenir.