Politique

Isabelle Durant (Ecolo) : "L’ONU n’est pas le chef du monde, la coopération internationale est une coopération volontaire"

L'invitée: Isabelle Durant, ex-Secrétaire générale de la Conférence des Nations-Unies

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Par D. V. Ossel sur base d'une interview menée par Thomas Gadisseux et François Heureux via

"On a dit beaucoup de choses sur l’aide offerte au Maroc, et non retenue, comme celle de la Belgique. Je pense qu’il faut relativiser", tempère Isabelle Durant, secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) jusqu’en 2022, dans Matin Première.

Elle connaît bien les rouages de la coopération internationale. Pour elle, il faut faire confiance au Maroc. C’est un pays organisé qui veut avoir la maîtrise sur l’organisation de l’aide. "L’aide n’est pas seulement immédiate. En Turquie, l’aide belge a finalement démarré trois semaines après le tremblement de terre."

L’aide n’est pas seulement immédiate

En Libye, par contre, la situation est différente. "C’est un Etat failli avec deux gouvernements qui sont incapables d’assumer l’aide nécessaire. Là, au contraire, l’aide internationale est urgentissime."

L’aide qui afflue, il faut la coordonner "sinon il y a du gaspillage, c’est de l’argent jeté." Et la coordination, c’est justement de l’aide humanitaire, c’est justement ce que fait l’OCHA, une agence onusienne, rappelle Isabelle Durant.

L’ancienne responsable de la CNUCED vient de sortir un livre Le monde d’ici commence ailleurs – Coopérations utiles pour des temps compliqués (Ed. Couleurs Livre) qui est justement un plaidoyer pour renforcer les grandes organisations internationales face aux crises.

Le Maroc a décidé d’accepter l’aide de l’Espagne, du Royaume-Uni, du Qatart et des Emirats arabes Unis. Ni l’Union européenne ni l’ONU ne sont en première ligne. Ne serait-ce pas, au contraire, un signe de l’inefficacité de ces structures internationales ? "Cela témoigne surtout de la réalité de la coopération internationale qui est une coopération volontaire. L’ONU n’est pas le chef du monde, il n’y a pas de chef du monde qui dit ‘je décide que tel pays fait ceci et tel pays fait cela. Le pays victime est celui qui décide."

Ça ne sert à rien de faire un travail local si on ne fait pas un travail global

Elle reconnaît que l’ONU présente une série d’imperfections, "liées au fait que ce sont les Etats qui décident". Mais elle souligne le travail "de base" des agences onusiennes, comme l’UNICEF par exemple, dont les acteurs ont, comme elle, la conscience que "ce qu’on fait ici, ça se passe en même temps ailleurs et que ça ne sert à rien de faire un travail local si on ne fait pas un travail global, y compris d’ailleurs par rapport à la crise climatique."

Interrogée par ailleurs sur le rôle qu’elle jouera lors des prochaines élections en Belgique, Isabelle Durant précise qu’elle ne sera pas candidate.

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