Parmi tous les éléments qui ont mené Salah Abdeslam à Paris le 13 novembre 2015, une ceinture d’explosifs autour de la taille, ses relations avec son frère, Brahim Abdeslam, et avec Abdelhamid Abaaoud ont joué un rôle déterminant.
Abaaoud, tête pensante des attentats de Paris, est le meilleur ami de Salah Abdeslam. Les deux hommes se connaissent depuis qu’ils ont 10 ans. "Son tout premier ami, c’était Abaaoud, raconte un membre de la famille. Ses premières connexions, c’était avec lui. Quand il y avait une bagarre, Salah et Hamid étaient toujours ensemble. En grandissant, ce n’était plus un ami, c’est devenu presque un frère. Ils se protégeaient l’un l’autre."
Avec l’âge, ils continuent à faire les 400 coups ensemble et commettent leurs premiers "petits larcins", comme le raconte le proche de Salah. "Dès qu’il y avait une combine à faire, quelque chose d’illicite, quand il y avait des problèmes avec la police, ils étaient tout le temps à deux".
Le groupe joue ici un rôle important, comme l’explique le procureur fédéral, Frédéric Van Leeuw : "Ce sont des jeunes qui ont grandi ensemble, entre lesquelles une amitié très forte existe. Il y a une très forte loyauté, et ce groupe devient, à un certain moment, criminogène". De petits délits en petits délits, Abdeslam et Abaaoud tentent un jour un cambriolage dans un garage du Brabant Wallon. Ils échouent, sont arrêtés et passent un mois en prison.
Quand on refait le fil de l’histoire, et qu’on voit ce que ça va devenir, on comprend que c’est la rencontre qui a changé sa vie.
Après son passage en prison, la famille de Salah Abdeslam fait appel à son ancien professeur pour lui venir en aide. "J’ai cherché à ce qu’il ait une réinsertion professionnelle après ça, j’ai essayé de l’épauler. Mais je n’ai pas plus discuté sur son vol, je n’ai pas voulu insister, avoue l’ancien professeur. Il disait que c’était une bêtise, qu’il regrettait". Au vu de la réaction de son ancien élève, le professeur ne s’inquiète pas. Il est persuadé que c’est un incident isolé, un dérapage de jeunesse.
Mais Salah ne va pas vraiment se ranger. Même si les parents font des efforts et tentent de ramener leur fils sur le droit chemin, ils perdent le contrôle. "Tu peux faire ce que tu veux, si le gars ne veut pas se ranger, il ne se rangera pas". En 2013, Salah et Brahim Abdeslam reprennent le café "Les Béguines", à Molenbeek. Il va leur servir de couverture pour leur trafic de stupéfiants.