Les résidents de maisons de repos et de soins ont payé un lourd tribut durant la première vague de la pandémie de coronavirus. Ils représentent 65% des personnes décédées selon les données Sciensano. Fermés dès le 11 mars mais laissés à leur propre sort, les établissements ont dû faire face au manque de matériel de protection et de dépistage mais aussi à des refus d’hospitalisations. Des "on-dit"? Non, une réalité vécue un peu partout en Belgique.
"Bonjour madame Frappani !". Robert Whatelet salue chaleureusement l’une des 80 résidents de sa maison de repos et de soins "Le Sar Allet", située à Châtelet. "Madame Frappani, c’est notre rayon de soleil", commente le directeur. Agée de 83 ans, cette résidente a contracté le virus et a été gravement malade mais elle s’en est sortie. "Au début, on n’y croit pas mais après, on n’est pas bien du tout. Et on ne pouvait plus voir ses enfants, c’est quelque chose de dur ça…", confie Marie-Alice Frappani.
Le directeur en est convaincu. Si sa résidente s’en est sortie, c’est parce qu’elle a pu être hospitalisée. "La maison de repos n’est pas médicalisée, nous n’avons pas tout le matériel nécessaire pour faire face à cette terrible maladie".
Aujourd’hui, il regrette de ne pas avoir pu faire admettre tous les résidents contaminés qui souhaitaient être soignés. "On a vraiment eu deux phases. Une première phase durant les vingt premiers jours du mois d’avril, où cela a été très difficile d’hospitaliser nos résidents. Puis, après le 20 avril, on a rediscuté avec le médecin coordinateur. On a recontacté les médecins traitants. On s’est fait plus insistant pour que nos résidents soient hospitalisés. La première qui a pu être emmenée, c’est madame Frappani".
En trois semaines, une dizaine de résidents sont décédés au sein de la maison de repos. Un lourd bilan qui aurait pu être évité selon le directeur. "Dans les personnes qui ont été hospitalisées ici à la maison de repos, il y a des gens qui sont partis dans un état où on s’est dit… On va les perdre. Mais ils sont revenus ! S’ils n’avaient pas été hospitalisés, ces gens-là ne seraient plus là. Et donc, on se pose souvent la question : et si on avait hospitalisé les autres ?"