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#Investigation : en Belgique, un jeune sur vingt se bat contre l’obésité

Obésité des ados. La quête de l'équilibre

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Par Thomas Haulotte avec Elisabeth Groutars via

En Belgique, un enfant sur cinq est considéré en surpoids et un sur vingt est obèse. Une obésité qui change leur corps et qui bouleverse leur vie en profondeur. Problèmes de santé, moqueries, harcèlement, décrochage scolaire deviennent souvent leur quotidien. Au service spécialisé du CHU de Liège et de l’hôpital de la Citadelle, on tente de les aider à sortir de cette spirale infernale. Un défi loin d’être facile à relever pour les jeunes concernés.

Savana, 14 ans
Savana, 14 ans © Tous droits réservés

Face à la malbouffe, tous les jeunes ne partent pas avec le même bagage. "On sait que certains enfants sont beaucoup plus susceptibles, ce qui fait que dès qu’il y a un léger déséquilibre de la balance énergétique, ils vont prendre du poids", explique la docteure Caroline Gernay, pédiatre endocrinologue. Les causes réelles sont parfois difficiles à cerner et le suivi médical est multidimensionnel : psychologues, endocrinologues, pédiatres, diététiciens… Comprendre et faire face à cette maladie chronique est un combat pour de nombreux jeunes et l’impact psychologique d’une prise de poids est énorme.

La confiance à zéro

Yaël Vitot a 16 ans aujourd’hui. Pendant le confinement, en un an et demi, il a pris près de 70 kilos. D’un ado sportif et décrit comme hyperactif, il est devenu renfermé et en perte totale de confiance en lui. "Je dormais la journée, je vivais la nuit. Je restais dans ma chambre à jouer et à manger", avoue-t-il. De 46 kilos pour 1,70 mètre, il est passé à 116 kilos pour 1,80 mètre, ce qui a provoqué quatre hospitalisations. Depuis, il se fait suivre médicalement et essaye de remonter la pente. Sa maman, Céline Vitot, a vu son fils se transformer. "L’arrêt de toutes ses activités a fait qu’il ne voyait plus personne, il ne voulait plus mettre un pied dehors parce qu’il avait peur. J’ai vu une larve. Je ne l’ai plus reconnu." Cette prise de poids l’a fait rentrer dans un cercle vicieux, à tel point qu’il n’est pas retourné à l’école quand celle-ci a rouvert, de peur d’être moqué.

"Je les comprenais parce que moi non plus, si j’étais eux, je n’aurais pas eu envie d’être ami avec moi."

L’école, justement, peut jouer un rôle important dans la perte de confiance qui suit ou mène à une prise de poids. En particulier à cause du regard des autres enfants. Ça a été le cas de Savana Mellet qui a presque 15 ans. "J’ai été mise de côté par tout le monde. Dans la cour, on rigolait de moi. Quand on jouait à ‘maman et papa’, j’avais le rôle de la servante ou du chien, quand ils décidaient qu’ils voulaient bien jouer avec moi. On me traitait de baleine ou de femme enceinte." Ce schéma, classique, l’a fait plonger dans un décrochage scolaire, jusqu’à arrêter complètement l’école. Mais ce qu’elle a vécu, Savana ne le considère pourtant pas comme du harcèlement. "Je les comprenais parce que moi non plus, si j’étais eux, je n’aurais pas eu envie d’être ami avec moi."

Yaël, 15 ans
Yaël, 15 ans © Tous droits réservés

Un impact concret sur la santé

Être en situation d’obésité amène, sans surprise, des problèmes de santé. Et ce, dès l’adolescence. Les risques peuvent être d’ordre cardio métabolique, c’est-à-dire qu’ils augmentent la probabilité d’être victime d’un accident vasculaire ou de développer le diabète. Et puis il y a les complications d’ordre mécaniques : Savana, par exemple, explique avoir constamment mal au dos et quasi quotidiennement à la tête. Il y a aussi les maux de genoux, par exemple, ou simplement les limites imposées par le corps pour tout type d’activités physiques, pourtant essentielles. Les équipes du service spécialisé du CHU de Liège et de l’hôpital de la citadelle tentent donc de reconditionner progressivement les adolescents et de créer des liens psychologiques pour les accompagner. Aujourd’hui, on estime que 70% des enfants et adolescents en situation d’obésité le restent à l’âge adulte mais avec un suivi cohérent, ce n’est pas inéluctable.

Si Savana a encore du mal à voir le résultat de ses efforts, elle s’est inscrite dans une nouvelle école pour l’année qui commence et a bien l’intention d’en finir avec ses problèmes de santé. Yaël, quant à lui, a déjà perdu 15 kilos et a rejoint une école d’enseignement spécialisé qui permet à des jeunes déscolarisés de retrouver confiance et de dépasser leur phobie scolaire. Il s’y est trouvé des amis avec qui il joue au foot, une de ses passions, et repense à son objectif de devenir éducateur sportif. Pour eux deux, le soutien de la famille est crucial dans le suivi et l’accompagnement. Pour en finir avec l’isolement, oser retourner à l’école et recommencer des activités.

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