Mais ce n’est pas le cas. Car en Wallonie, ce qui pilote le développement urbanistique, c’est le plan de secteur réalisé dans les années 1970. Selon ce plan, 50.000 hectares, aujourd’hui cultivés ou boisés, peuvent encore être construits. Et parmi eux, des terres d’excellentes qualités.
Alors que faire ? Tout figer ? Changer le plan de secteur ? " C’est impayable, explique Joël Privot, urbaniste à l’université de Liège et partie prenante dans le Schéma Vesdre. Comment peut-on imaginer que des " terrains à bâtir ", qui valent entre 30 et 150 euros le mètre carré, puissent passer en zones agricoles sur le plan de secteur et ne plus valoir qu’entre 3 et 5 euros par mètre carré ? Il y a un manque à gagner énorme. Il faudrait indemniser tout le monde. C’est un véritable tabou même si un jour, dans quelques années ou quelques dizaines d’années, il faudra bien se pencher dessus. Mais pour contourner le problème, la Wallonie met des outils en place pour stopper cette artificialisation des sols ".
L’avant-projet du CoDT a été adopté en seconde lecture par le gouvernement wallon fin mars 2023. Tout comme le Schéma de développement territorial (SDT), document d’orientation qui détermine la stratégie territoriale pour la Wallonie. L’un des axes développé concerne des mesures pour lutter contre les inondations et intégrer les recommandations de la commission d’enquête parlementaire chargée d’en examiner le déroulement et les causes. Ils devraient donner plus de pouvoir à l’administration wallonne. La Wallonie va demander à toutes les communes d’avoir un schéma de développement communal (SDC), optionnel pour le moment, dans les 5 ans. Seules 7 communes sur les 25 du bassin de la Vesdre en possèdent un pour le moment. Ils permettent à une commune de définir à l’avance la politique de développement territorial : " Nous leur donnons 5 années pour avoir leur schéma, ils vont définir eux-mêmes leurs centralités, c’est-à-dire les nœuds urbanistiques qu’ils comptent encore développer à l’avenir, explique Willy Borsus, ministre MR de l’Aménagement du territoire. Dans ces centralités, la densification de l’habitat sera encouragée, en dehors, ce sera l’inverse. Le but c’est de parvenir progressivement à la fin totale de l’artificialisation des sols, le " STOP-béton " d’ici 2050 ". Si les communes ne réalisent pas leur SDC dans le temps imparti, ce sont les centralités définies au niveau de la Région wallonne qui primeront.
La Wallonie va également s’équiper d’une autre arme pour garantir l’intégration des risques de catastrophes naturelles dans le développement de projets immobiliers : " Quand ces éléments ne seront pas assez pris en compte dans l’octroi du permis, la Région va pouvoir intervenir. Ça veut dire que les communes qui continuent à construire n’importe où et n’importe comment, la Wallonie va s’équiper juridiquement pour les en empêcher, précise Joël Privot. C’est une révolution copernicienne… qui va faire grincer des dents ".