Nous commencerons par rencontrer Maïté Meeus, la créatrice de #Balancetonbar. Elle nous confirmera "qu’il y a des noms de prédateurs qui se retrouvent mentionnés à plusieurs reprises dans différents témoignages concernant le Wood ou d’autres bars de nuit". Mais elle nous expliquera aussi qu’elle ne s’est jamais permis de les donner afin d’éviter toute procédure pour diffamation.
Fort de cette information, nous tentons de joindre l’une ou l’autre personne qui affirmerait avoir été victime de ce type d’agression, lorsque le Wood était encore ouvert. Nous rencontrerons tout d’abord Valentine, étudiante de 23 ans. Elle évoquera avec nous ce qu’elle a vécu dans cette boîte de nuit, il y a quelques années.
"J’ai 17 ans à l’époque, je sors très souvent dans cette boîte. Je suis souvent en contact avec Carl De Moncharline. Il a la possibilité de nous faire rentrer gratuitement. J’ai son numéro de GSM, il suffit que je lui envoie un SMS en précisant le nombre de personnes qui m’accompagnent."
"Ce soir-là, il est derrière le bar à sa place habituelle. Je danse un peu puis à un moment il m’offre une bière qui ne vient pas directement du bar. A partir de ce moment tout devient flou. Je ne me souviens pas de la manière dont la suite s’est passée, mais je me retrouve à l’étage du Wood. Il commence à m’embrasser, à me toucher le haut du corps. Je suis consciente mentalement, mais physiquement, je ne contrôle plus rien. Je suis paralysée. Je suis molle et figée. Je suis totalement consciente de ce qui est en train de se passer, je ne suis pas d’accord, je veux que ça s’arrête mais je suis incapable de sortir un mot ou de faire une action physique pour que ça cesse".
"Je me rappelle une phrase qu’il me dit et qui me met super mal à l’aise. Il sait que j’ai un petit copain et il se compare à lui. Il affirme qu’il embrasse mieux que lui. Je trouve que ce n’est vraiment pas le cas, ce vieux qui veut montrer qu’il est encore jeune me dégoûte. C’est un truc de fou. Il me touche la poitrine aussi, mais ce n’est pas allé jusque la culotte parce que mon GSM ne cesse pas de vibrer et qu’il le sent. Ce sont mes amis qui me cherchent. Ils ont constaté ma disparition et celle de Carl aussi. Les vibrations finissent par le gêner puisque mon téléphone est aussi en contact avec sa jambe. Il finit par me dire de partir".
En arrivant au rez-de-chaussée, Valentine voit ses amis en train de se disputer avec le sorteur. Ils tentent de la rejoindre à l’étage. "Lorsque Carl descend à son tour, ils lui crient dessus. Lui, il prend un air innocent et il sous-entend que je suis d’accord avec ce qui vient de se passer. Il parle de moi comme d’une petite copine et que c’est normal de faire cela à une copine".
Valentine finit par quitter la boîte. Elle sera malade une bonne partie de la nuit, en ayant toujours l’impression que son corps et sa tête sont deux parties sans lien. Des sensations bien différentes de l’alcool, qu’elle n’a de toute façon pas eu le temps de consommer en grande quantité.
"Je ne porte pas plainte à l’époque. Je veux sans doute effacer cela de ma mémoire. Ce n’est que des années plus tard, lorsqu’une de mes amies sera victime d’un viol que je comprendrai la gravité de ce qui m’est arrivé à moi aussi. C’est à ce moment-là que j’ai porté plainte contre Carl." Et c’est vrai que ces faits concernant une mineure sont loin d’être anodins. Selon un avocat pénaliste que nous avons consulté, si ces faits sont confirmés, il s’agit d’actes qui pourraient être qualifiés d’intoxication et d’attentat à la pudeur, pouvant mener à plusieurs années de prison.