Le 24 janvier: le premier round
Demain, 15 heures pétantes, les 1009 grands électeurs se réuniront à Palazzo Montecitorio, siège de la Chambre, pour un premier round de votations. Comme le veut la tradition, pour l’instant pas de candidat officiel – mais ça, vous l’aurez compris -. Pour être élu (ou élue), il faut obtenir une majorité de deux tiers (673 voix sur 1009) aux deux premiers scrutins. Au troisième, la majorité absolue (505 voix sur 1009) suffit. Petite curiosité que révèle le Sole 24 Ore : chaque votant doit exprimer au moins deux préférences, sinon son vote est perdu !
Chaque tour durera une journée, à cause des protocoles liés au coronavirus. Cela va être tendu, sachant que le centre droit dispose de 452 grands électeurs, contre 463 pour tous les partis de la gauche plus les 5 Etoiles. Et que les coups bas ne sont pas exclus, surtout lors d’un scrutin secret où chacun est laissé seul dans l’isoloir pour voter…
"Les 94 votes du groupe 'mixte' et des députés affiliés à aucun parti vont être décisifs", explique le Sole 24 Ore. Difficile alors de prévoir pour qui ils vont voter et de quel côté des jeux de pouvoir se situent-ils.
Ce président, il fait quoi ?
Si cette élection fait couler autant d’encre, en Italie comme à l’étranger, c’est qu’elle se trouve à la croisée de plusieurs chemins. Avant tout, pour comprendre, il faut savoir que le Président de la République, officiellement, n’a pas beaucoup de pouvoir.
Selon la Constitution, il est le Chef de l’Etat et le représentant de l’unité nationale. C’est aussi le garant de la Constitution, il nomme le Premier ministre et, sur proposition de ce dernier, les ministres. Il préside le Conseil supérieur de la magistrature, nomme un tiers des membres de la Cour constitutionnelle et dispose du droit de grâce. Il signe les lois et peut dissoudre le Parlement.
Mais c’est surtout en coulisse qu’il agit, comme lorsque Sergio Mattarella a appelé Mario Draghi, "SuperMario," en "sauveur de la patrie" ou comme Giorgio Napolitano qui, en pleine crise économique en 2011, a désigné un autre Mario, Monti, comme chef du gouvernement. Il a donc énormément de pouvoir en cas de crise gouvernementale. Et en Italie, les crises gouvernementales ne sont pas une denrée rare : il est inhabituel qu’une législature démarre et se termine avec le même gouvernement.