C’est un mal, ou plutôt des maux, qui touchent de nombreuses personnes : diarrhées, douleurs abdominales, amaigrissement, constipations, fatigue chronique, problèmes de peau, aphtes … des symptômes parfois contradictoires qui peuvent être signes de la maladie cœliaque ou d’une "intolérance au gluten".
Alors que certains craquent pour la mode du "sans gluten" – prônant un mode de vie plus sain -, d’autres sont obligés de retirer cette protéine de leur alimentation sous peine de voir leur santé se dégrader.
C’est notamment le cas des personnes atteintes de la cœliaquie, une maladie auto-immune affectant les villosités situées sur la paroi de l’intestin grêle.
La maladie cœliaque, trop rarement détectée
Concrètement, en cas d’exposition au gluten, l’organisme des personnes cœliaques va produire des anticorps entraînant une réaction inflammatoire du duodénum (la partie de l’intestin grêle située à la sortie de l’estomac). Ces anticorps vont s’attaquer à la paroi intestinale, empêchant alors les différents composants des aliments d’être correctement absorbés par le corps.
"Les personnes atteintes de maladie cœliaque et qui mangent du gluten risquent principalement une carence alimentaire", prévient Françoise Smets, doyenne et professeure de la faculté de médecine l’UCLouvain, spécialiste de la cœliaquie. "À cause de leurs villosités intestinales dégradées, ces personnes peuvent manquer de nutriments. Cela peut mener à une ostéoporose au niveau des os (à cause d’un manque d’absorption de calcium et de vitamine D), une anémie, des dépressions, une infertilité ou encore une augmentation du risque de cancers intestinaux", détaille l’experte.
Une grande partie des malades ne savent pas qu’ils sont atteints
En Europe, on estime qu’une personne sur cent est touchée par cette maladie. Ce sont donc plus de 100.000 Belges qui pourraient être impactés dans notre pays "mais une grande partie d’entre eux ne savent pas qu’ils sont atteints" précise Françoise Smets.
Les symptômes classiques de la maladie sont diarrhées, douleurs abdominales ainsi que des signes de malabsorption comme un amaigrissement ou une fatigue chronique.
Néanmoins, la maladie ne provoque que peu de symptômes dans la plupart des cas, ce qui complique sa détection. Elle est d’ailleurs souvent suspectée lors d’examens sérologiques, quand les prises de sangs indiquent des carences.
Dans les faits, seule une personne malade sur cinq est diagnostiquée, ce qui peut représenter un problème de santé : "Certains ne sont pas au courant de leurs carences car elles ne sont pas toujours visibles de l’extérieur. Ces carences sont souvent avancées lorsque l’on se rend compte de celles-ci", explique la professeure.
Il semble également que la maladie apparaisse plus régulièrement chez les personnes prédisposées génétiquement. Selon l’association des Gastro-entérologues du CHC (sites clinique CHC MontLégia et clinique Notre Dame à Waremme), "les apparentés au premier degré de patients cœliaques (parents, frères, sœurs, oncle, tante et enfants) ont en moyenne de 10% de risque de développer la maladie."
La maladie ne peut cependant être validée que par une biopsie, qui est réalisée par gastroscopie chez un gastro-entérologue. Elle peut se déclencher à tout âge et les femmes sont 2 à 3 fois plus touchées que les hommes.
Handicapant dans la vie et impossible à traiter
La cœliaquie ne connaît aujourd’hui aucun traitement. La seule solution pour les personnes cœliaques est de retirer entièrement le gluten de leur alimentation, sous peine de voir leur santé se détériorer. Une mesure compliquée à tenir, autant socialement que d’un point de vue pratique.
"Il est difficile de se dire 'je ne mange pas de gluten' quand on sort entre amis, qui eux profitent d’un repas qu’on ne peut pas manger", témoigne Gaëlle Dodeur, administratrice de la Société Belge de la Scoeliaquie (SBC). "C’est difficile au niveau social parce que les personnes cœliaques n’ont pas droit à l’écart. Elles paient cher la moindre incartade, accidentelle ou non. Elles sont tout de suite dans l’inconfort d’un point de vue intestinal et elles perdent tous les efforts qu’elles ont faits précédemment car leurs villosités vont devoir se régénérer".