Face à ce refus, Vladimir Poutine pourrait-il mettre sa menace à exécution ? "C’est possible", nous répond Bruno Colmant, "mais tout le monde serait perdant. Les Russes ne pourraient plus exporter, et nous, nous aurions une coupure."
Les exportations de gaz russe représentent aujourd’hui 45% des importations européennes en la matière. Couper le robinet pourrait donc avoir des répercussions à cette échelle. À l’échelle nationale en revanche, l’économiste se montre beaucoup plus rassurant : "Le gaz belge provient essentiellement de la Norvège (41%, ndlr) et des Pays-Bas (34,5%, ndlr)", assure Bruno Colmant. Seuls 6% de l’approvisionnement belge en gaz proviennent de Russie. Il ne devrait donc pas y avoir de problème d’approvisionnement.
Des propos que confirme également le cabinet de la ministre fédérale de l’Energie, Tinne Van der Straeten (Groen), d’autant que la Belgique "n’utilise qu’un tiers du gaz importé, les deux tiers restants étant destinés à l’exportation." "La situation actuelle montre que la diversification du gaz en provenance de différents pays producteurs est la bonne stratégie et nous permet d’avoir confiance dans la sécurité d’approvisionnement de la Belgique. Même sans le gaz russe, l’approvisionnement est assuré. La Belgique peut facilement importer du gaz naturel d’autres sources par différents canaux, par bateau et par gazoduc, dans toutes les directions possibles."
Et notre pays pourrait aussi voir le transit de gaz en provenance d’autres pays producteurs par nos gazoducs augmenter vers les pays voisins, plus dépendants des importations russes.
Une baisse ou une rupture d’approvisionnement venant de Russie aura un impact sur le prix du gaz naturel en Belgique
"Par contre, les prix du gaz pourraient augmenter et, par définition, ceux de l’électricité aussi puisqu’ils sont calqués sur les prix du gaz", ajoute Bruno Colmant. En effet, comme l’explique Laurent Jacquet, directeur du CREG (la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz), "puisque le prix du gaz naturel sur les marchés de gros qui servent de référence à la Belgique est fixé au niveau de l’Europe de l’Ouest et est déterminé par le mécanisme de l’offre et de la demande, une baisse ou une rupture d’approvisionnement venant de Russie aura un impact sur le prix du gaz naturel en Belgique." Impossible toutefois de prédire à quel point ces hausses pourraient être importantes.