Interdire le voile dans les services publics bruxellois, est-ce une discrimination?

Ihsane Haouach regrette l'interdiction de porter le voile dans la plupart des administrations bruxelloise

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Par Véronique Fievet

La STIB devrait-elle par exemple accepter le port du voile parmi son personnel? La question a été posée récemment au parlement par Céline Delforge, députée bruxelloise Ecolo. Et pour Pascal Smet, ministre de la mobilité, la réponse est clairement non. Actuellement, à la Stib, aucune femme ne porte le voile, ni dans les véhicules, ni aux guichets, ni dans les bureaux. Le règlement intérieur exige en effet la neutralité du personnel.

"Il n'y a d'ailleurs aucune revendication dans l'entreprise liée au port du voile ou même d'autres signes religieux que ce soit". Et cette neutralité, selon Françoise Ledune, porte-parole à la STIB, serait même collectivement acceptée.

Mais la question n'est peut-être pas définitivement tranchée.

Il y a trois ans, Actiris, l'office bruxellois de l'Emploi, a du adapter son règlement suite à un recours devant le tribunal du travail, contre le règlement qui avait interdit le voile en 2013. Depuis, les employées qui le souhaitent peuvent porter le voile, même si elles occupent des fonctions en contact avec le public. Elles seraient aujourd'hui vingt-cinq dans ce cas, c'est à dire : environ 2% du personnel. Selon Gregor Chapelle, le directeur d'Actiris, "cela n'a donné lieu à aucune plainte ni d'un usager, ni d'un collègue". 

En général, dans les entreprises, c'est le principe de neutralité qui prévaut

Dans la plupart des administrations, comme dans les entreprises privées, c'est, par contre, le principe de neutralité qui prévaut. Alors, Actiris a-t-elle relégué sa neutralité aux oubliettes? Ce n'est pas vraiment le sentiment de son directeur : "Evidemment, nous sommes totalement neutres, chaque personne est traitée de la même façon".

Il n'empêche, la décision de justice qui autorise le voile chez Actiris crée un flou, une ambiguïté dans l'accès à l'emploi auprès des services publics régionaux. Actiris voudrait d'ailleurs se sentir moins seul et plaide pour des règles communes à l'ensemble des administrations régionales.

Mais cette neutralité généralement affichée dans les entreprises constitue-t-elle une forme de discrimination à l'embauche?  La loi ne le dit pas. Mais pour Gregor Chapelle, le directeur d'Actiris, la réponse est clairement oui : quand on est une jeune femme d'origine étrangère qui porte le voile, oui il est plus difficile de trouver un emploi.

Une discrimination qu' Ihsane Haouach estime particulièrement injuste. Cette jeune femme diplômée et voilée, est membre du collectif "les cannelles", qui réclame notamment une meilleure inclusion des femmes voilées dans le monde du travail. "Il est même regrettable que le secteur public refuse l'emploi aux femmes voilées alors que les entreprises privées font preuve de plus de pragmatisme. Ce principe de neutralité débouche en réalité sur de l'exclusion".

L'an dernier, Unia, le Centre Interfédéral pour l'Egalité des Chances a ouvert une vingtaine de dossiers pour des problèmes d'accès à l'emploi à cause du voile porté par la candidate.

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