Insurrection à Washington : le selfie pris entre un manifestant et un policier dans le Capitole fait polémique

Ce selfie entre un manifestant et un policier fait couler beaucoup d'encre aux Etats-Unis.

© Timothy Burker / Twitter

Par RTBF

"Twitter Users Denounce ‘Double Standard’As Cops Take Selfies With Capitol Protesters". En français : les utilisateurs de Twitter dénoncent le deux poids deux mesures lorsque les policiers prennent des selfies avec les manifestants du Capitole. C’est ainsi que débute l’article d’Isabel Togoh, journaliste chez Forbes. Pour elle, les forces de l’ordre n’ont pas agi comme il se doit, mercredi, lors de la prise du Congrès américain par les partisans de Donald Trump.

Une passivité et un manque d’anticipation devant la foule qui posent question. Mais peut-on parler de complicité, avec notamment la prise de selfies, comme le pointent plusieurs personnes sur les réseaux sociaux ?

Les policiers prennent des selfies avec les terroristes

Avant minuit, l’analyste politique, Timothy Burke, publie sur son compte Twitter une courte vidéo. Elle est intitulée : "Les policiers prennent des selfies avec les terroristes." On y voit brièvement un des manifestants tendre son bras, son smartphone à la main, poser avec un homme le visage masqué avec une chasuble "police". Les deux se figent. Le cliché est pris. Ils se remercient et se saluent de la tête.

En fond sonore, alors qu’à l’image apparaissent des pro-Trump en casquettes et sweats aux mentions revendicatrices, on entend "Acab, Acab…" C’est l’acronyme de "All cops are bastards", "tous les policiers sont des bâtards", utilisé par les mouvements anarchistes et anti-système.

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Le tweet de Timothy Burke n’est pas passé inaperçu. Il a été vu plus de 18 millions de fois, liké à 212.000 reprises et commenté plus de 11.000 fois. Certains font la comparaison entre le déploiement policier de mercredi à Washington et celui lors des manifestations Black Lives Matter du printemps dernier, après la mort de Georges Floyd.

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C’est ce "double standard" qu’évoque Isabel Togoh dans sa publication. J’ai couvert énormément de manifestations durant des années. Je me demande si les manifestants avaient été noirs et bruns, est-ce qu’ils auraient été traités de la même manière que sont les manifestants aujourd’hui", écrit le journaliste de MSNBC Craig Melvin, cité par Isabel Togoh.

Condamner avec la même vigueur

"Quand sont apparues ces scènes où des supporters majoritairement blancs de Donald Trump ont envahi le Capitole américain – avec des vidéos montrant des policiers faisant des selfies avec certains des protestataires -, les observateurs demandent aux Républicains de condamner ces violences avec la même vigueur que celle utilisée pour dénoncer les manifestants anti-racistes, lorsque ceux-ci ont suggéré que des manifestants majoritairement noirs ou musulmans seraient traités plus sévèrement", écrit encore la journaliste afro-américaine.

Martin Luther King III, fils du leader pour les droits civiques assassinés en 1968, a la même lecture des images. "Les manifestations pacifiques de l’été ont été accueillies par des policiers militaires armés, des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. L’insurrection d’aujourd’hui au Capitole montre un exemple clair des deux systèmes de justice très différents que notre pays soutient", écrit ce dernier sur Twitter.

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Mais y a-t-il eu d’autres manques de distance entre les policiers et les manifestants qu’ils étaient censés contenir ? Lors des événements, on a pu voir des scènes de confrontations armées entre forces de l’ordre et supporters de Trump. Des coups de feu ont été entendus, la porte d’entrée du Congrès a été protégée un long moment contre les intrusions. Quant à des images d’autres selfies ? Rien, pour le moment, sur les vidéos captées par les télévisions et les reporters amateurs.

Le blog Joseph-Morris.com écrit, pour sa part, que si "certains disent que la différence de traitement par la police entre les terroristes domestiques et les manifestants pacifiques de Black lives Matter est honteusement raciste, d’autres estiment que faire des selfies et laisser entrer ces manifestants étaient une stratégie de désescalade et une preuve du bon travail policier." A juger dans les prochains jours.

En tout cas, les événements historiques de ce 6 juillet ont fait quatre morts.

Insurrection à Washington : Évènement tristement historique

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