Le chèque-travail coûterait 10 euros de l'heure à l'employeur. Pour pouvoir en bénéficier, trois conditions doivent être remplies. L'employé ne pourra pas être titulaire d'un diplôme d'études secondaires, il devra avoir moins de 30 ans au moment de son engagement et il devra être inscrit depuis au moins six mois comme demandeur d'emploi.
Cette mesure doit également faciliter l'embauche de jeunes travailleurs par les petites entreprises, le dispositif Activa demeurant relativement complexe pour celles-ci.
Monica De Coninck proposera son plan au Conseil des ministres vendredi. Elle souhaite ensuite rencontrer les partenaires sociaux afin de discuter des détails pratiques.
Mais déjà le CD&V et la N-VA ont torpillé son idée: "Ce groupe-cible de jeunes peu formés fera bientôt partie des compétences de la Flandre et ne ressortira plus du gouvernement fédéral."
Antoine et Fremault saisiront le comité de concertation
Les ministres wallon et bruxellois de l'Emploi, André Antoine et Céline Fremault, tous deux cdH, saisiront au plus vite le comité de concertation pour exiger que la mesure de chèque-travail proposée par Monica De Coninck soit discutée et négociée avec les Régions. Dans le cadre de la 6e réforme de l'Etat, les aides à l'emploi ont été régionalisées et passeront dans les mains des Régions dans un avenir très proche, ont fait remarquer les deux ministres qui ont fait part de leur étonnement. "La ministre fédérale de l'Emploi, qui appartient à un parti qui a longtemps revendiqué la régionalisation de ces aides, souhaite maintenant créer un nouveau dispositif si près de cette échéance et sans s'être concertée avec les Régions au préalable".
Les ministres régionaux s'interrogent sur l'impact budgétaire de cette proposition. Le gouvernement fédéral prévoira-t-il les moyens nécessaires pour mettre en œuvre cette nouvelle politique? Et, si c'est oui, que deviendront ces moyens au moment du transfert de la compétence? Ils mettent aussi en garde le gouvernement fédéral contre la concurrence de cette mesure avec d'autres programmes: Activa, Sesam (programme facilitant l'engagement de demandeurs d'emploi en Wallonie), stages d'insertion, etc. qui s'adressent au même public.
Selon Céline Fremault et André Antoine, l'objectif prioritaire en matière d'aides à l'emploi est la simplification des mécanismes existant et non la création d'un nouveau canal de subvention aux employeurs qui complique encore la situation.
La FEB nuancée
"L'aspect positif est que les problématiques des coûts du travail et du chômage des jeunes sont abordées", estime Bart Buysse, le directeur général de la FEB. "Cependant, le chômage dans cette catégorie ne touche pas seulement les personnes peu qualifiées. Les jeunes qui ne disposent pas des bonnes qualifications sont aussi touchés."
"L'attention portée à la problématique du chômage chez les jeunes est une bonne chose, sans quoi on risque de perdre une génération. Le fait qu'on s'attaque aux coûts du travail est également positif", a précisé M. Buysse.
"Nous ne sommes par contre - tout comme l'Unizo - pas favorables à un système au sein duquel les organisations syndicales assureraient les payements des salaires. Nous regrettons également que la mesure envisagée concerne seulement un groupe cible et pas l'ensemble des travailleurs", ajoute-t-il.
"Enfin, les jeunes peu qualifiés ne sont d'après nous pas les seuls concernés par le chômage. En effet, de nombreux jeunes disposent de compétences et de diplômes qui ne correspondent pas aux demandes actuelles du marché du travail. Il faut donc une meilleure coordination entre le monde de l'éducation et du travail", a-t-il conclu.
Le SDI dubitatif
Le Syndicat des Indépendants et des PME est dubitatif par rapport à cet "énième dispositif d’aide à l’embauche". "Le problème face à ce genre d’aide est qu’il accroit le morcellement des aides à l’emploi déjà fortement éparpillées en Belgique. Cela ne donne que très peu de visibilité à l’employeur dans le dédale des aides à l’embauche constamment remaniées. Le SDI aurait souhaité une diminution du coût du travail à plus grande échelle et qui ne vise pas uniquement les jeunes peu qualifiés. Le SDI voit dans ce mécanisme un leurre à la résorption du chômage des jeunes dont la cause fondamentale est à rechercher dans une formation plus adaptée et un meilleur soutien au lancement d’une activité indépendante ".
D'après Belga