"Voilà, c’est ce qui reste de la boulangerie, nous explique Françoise De Groote, la patronne. Ici c’était le comptoir, ici, il y avait mes pains, des armoires… Quand on est descendus, les armoires étaient parties par là-bas, le comptoir en marbre était soulevé […] l’expert est venu, il a dit qu’il fallait tout arracher…"
C’était le 14 juillet, ou le 15, elle ne sait plus vraiment. Six mois après la catastrophe, la boulangerie Louis, à Angleur (Liège) n’est toujours pas rouverte. L’assurance n’a pas encore clôturé le dossier. "Franchement, je ne pensais pas que ça durerait aussi longtemps, dit Michel Louis, le mari de Françoise, je peux comprendre que je ne suis pas le seul à être inondé […] j’espérais qu’en tant que petit commerçant, je serais prioritaire, mais c’est plutôt le contraire. Mon courtier m’a dit que c’était plus compliqué d’estimer la valeur des machines et tout ça".
►►► "Pour clôturer tous les dossiers d'indemnisation, on en a encore pour au moins un an"
Un tour de l’atelier suffit à comprendre l’ampleur des dégâts : "Voilà, les machines, plus rien ne fonctionne, poursuit l’artisan-boulanger, tout est à refaire. Depuis six mois, je descends tous les jours dans mon atelier, ça me rend malade, ça s’aggrave avec l’humidité…".
Ce matin, il est allé aux nouvelles chez son courtier. Il a dû renvoyer des devis qu’il avait déjà fournis. Il n’y comprend plus rien. "Ça n’a pas encore bougé, il va renvoyer les devis que le lui ai donné et on attendra des nouvelles de l’expert…".
Trop de devis et trop d’expertises
"Ces retards dans les dossiers s’expliquent par la quantité de sinistres, nous dit Nevert Degirmanci, porte-parole d’Assuralia, l’union professionnelle des compagnies d’assurances. Il y a tellement de devis à faire que les artisans sont débordés, ensuite, il y a souvent des contre-expertises, demandées soit par l’assureur, soit par l’assuré, et enfin, il faut le temps que les maisons sèchent, on ne peut pas aller trop vite dans l’évaluation des dégâts".
Assuralia a fait les comptes : 60% des sinistrés, toutes catégories confondues, voitures, habitions et petits commerces ont été indemnisés.
Toute une famille sans emploi
"Le chômage est dégressif, explique Cassandre Louis, au début c’est 70% et puis ça diminue. Si on rouvre dans six ou sept mois, qu’est-ce que je vais faire. Je vais finir avec rien ".
"On n’a plus rien, il faut tout reconstruire, nous dit Michel Louis, tout redémarrer. Après une fermeture d’un an (ndlr : le temps des travaux), qu’est-ce qu’on va récupérer comme clientèle ? La clientèle avoisinante peut-être, mais ceux qui venaient de plus loin ? Est-ce qu’ils n’auront pas pris de nouvelles habitudes ?"
►►►Six mois après les inondations, la crue de la Vesdre n'en a pas fini avec la vallée et ses habitants