Six mois après les terribles inondations qui ont touché la Belgique, la RTBF, dans une journée spéciale, fait le bilan de ce qui a été fait, ce qui reste à faire pour les communes et citoyens touchés. Avec cette question, posée dans le Marché Matinal sur La Première, en édition spéciale : est-ce que ce désastre a eu un impact important sur le tissu économique local ?
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Oui, c'est certain, même si cet impact est difficile à mesurer, à chiffrer. Tout dépend des zones concernées, des secteurs d’activité, des entreprises, des personnes aussi, les indépendants, comme l'explique Valérie Saretto est secrétaire générale de l’UCM Province de Liège. "Il y a des indépendants et des PME qui ont repris, qui ont repris comme avant et d’autres pas du tout comme avant, mais qui ont rouvert l’activité. Il y en a qui ont abandonné l’activité, clairement, qui se sont dit qu’ils n’auraient pas les moyens et les ressources pour se redresser, donc ils ont abandonné, ou qui ont rouvert autre part, dans une zone non inondable. Et certains ont transmis leur activité. Je pense à un petit libraire à Trooz qui s’est dit qu’il n’avait plus l’âge et l’énergie pour continuer et il a cédé son activité à son fils."
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Pas simple, donc, de généraliser, même si, pour Valérie Saretto, il semble bien que le redémarrage ait globalement été moins compliqué dans le secteur des services que dans les activités industrielles. "On est allé voir un usineur. Lui, il attend toujours ses machines, parce qu’est venue s’ajouter à la couche inondations la pénurie de matières premières sur les marchés mondiaux, et les commandes, tant de véhicules que de machines, de bois, etc., prennent du temps et sont plus chères. Il y a des indépendants et des entreprises qui cumulent la crise Covid avec les inondations et cette crise de flambée des prix et de rareté de matières premières."
Des catastrophes naturelles bonnes pour la croissance économique ?
On entend parfois dire aussi — et ça va peut-être en étonner certains — que les accidents ou les catastrophes naturelles seraient bons pour la croissance économique. Ce n’est pas totalement faux, mais ce n’est qu’une partie de l’histoire. Et pour comprendre en quoi cette idée est biaisée, petite explication avec l’économiste Philippe Ledent. "Il faut dépenser des moyens pour reconstruire. Cette reconstruction génère de l’activité économique, mais s’il n’y avait pas eu la catastrophe, ces mêmes personnes auraient pu être occupées à faire autre chose. Donc, quelque part, oui, la reconstruction génère de l’activité économique, mais d’un autre côté, il y a une perte de temps parce que tout ce temps aurait pu être consacré à faire autre chose qui aurait pu, là aussi, générer de l’activité économique, et surtout nous faire progresser."
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Et pour rendre les choses vraiment très concrètes, pour bien comprendre le raisonnement, rien ne vaut un bon exemple, en l’occurrence celui du bâtiment. "Le secteur du bâtiment va être très fortement occupé à reconstruire les maisons, à rénover les maisons. Mais ce secteur, dans le même temps, s’il n’y avait pas eu la catastrophe, aurait pu être occupé à isoler bien davantage de maisons dans une perspective de transition énergétique. Et donc, là, nous perdons du temps parce que nous devons consacrer des moyens et des forces de travail à la reconstruction que l’on aurait pu consacrer à faire autre chose."