À ses débuts, Joanna Peczenik se positionne d’abord comme observatrice : elle organise quelques repas de shabbat, s’implique ici et là. Et ce jusqu’au grand déclic... "Pendant ma première année à l’université, la pandémie est entrée dans nos vies durant le second quadri. À l’UEJB, nous venions justement d’engager un détaché pédagogique. Il nous a préparé plein de conférences en ligne autour de l’extrême droite, du racisme, de l’antisémitisme.... Le truc, c’est que durant ces visios, nous avons réalisé que les hommes prenaient beaucoup plus la parole que les femmes. L’écart était vraiment frappant."
Face à ce constat, notre interlocutrice initie un partenariat avec l’association CRIBLE dont l’objectif est de former des jeunes autour de la notion de genre et des stéréotypes de genre en abordant les thématiques d’identité, d’expression, de sexisme, d’intersectionnalité, de masculinités... "Parallèlement, j’ai lancé un groupe en non-mixité pour permettre de vrais échanges sur nos expériences de femmes. C’était fort, beaucoup de réflexions super intéressantes sont ressorties, et ce, notamment autour de la répartition de la parole, ou de la prise en charge des tâches domestiques lorsqu’on part tous·tes en weekend, ou encore de certains comportements sexistes.... Du côté des hommes, il y a eu une prise de conscience, ils ont réalisé que même dans cet espace qui se veut safe, il y avait du sexisme. Il y a aussi eu quelques résistances évidemment.... Mais le fait d’en avoir discuté en non-mixité avant nous a rendu plus fortes parce qu’il y avait un consensus et un soutien mutuel."
Le patriarcat et le racisme constituent la base des systèmes de domination. Pour renverser les choses, il est nécessaire de se rassembler
Au-delà de la question du genre, Joanna Peczenik commence à s’engager pour la lutte antiraciste et la défense des droits humains. Au fil des mois, elle se fait repérer. "Après deux ans, Sacha Guttmann qui était président m’a proposé qu’on se présente ensemble. Je trouvais que ça faisait sens pour une question de représentation, mais aussi de dialectique." Et c’est ainsi que lors des élections de juin 2021, elle devient l’une des pionnières de cette organisation qui ne compte que très peu de femmes dans l’histoire de sa présidence.