Economie

Immobilier : de plus en plus de Belges renoncent à acheter… pour louer, mais les loyers augmentent

Le marché matinal

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Par Anthony Roberfroid, d'après le marché matinal de Rachel Crivellaro

Depuis l’été dernier, la Banque centrale européenne a commencé à augmenter ses taux d’intérêt, marquant la fin des prêts bon marché. Sur le marché de l’immobilier, les conséquences ne se sont pas fait attendre. On assiste lentement mais sûrement à une transition de l’achat vers la location de biens.

La Belgique connaît donc une évolution, passant d’un marché des propriétaires vers un marché des locataires. La raison est en très grande partie due à des taux d’intérêt plus élevés. Ces derniers sont passés d’environ 1,5% à entre 3 et 4% en l’espace d’un an, ce qui a entraîné des difficultés grandissantes pour les candidats acquéreurs à contracter un prêt hypothécaire.

Un exemple : lors des deux premiers mois de cette année, deux fois moins de crédits hypothécaires ont été accordés par rapport à la même période en 2022. Et le revers de cette médaille, c’est la location qui a gagné en popularité : les Belges louent deux fois plus de propriétés. C’est presque une révolution chez nous, où plus de 70% de la population est propriétaire.

Les prix des locations en hausse à cause de la demande plus élevée

Des candidats qui se tournent davantage vers la location, ça a aussi des conséquences sur les prix. L’offre restant la même, mais la demande de location augmentant, le prix des loyers est parti à la hausse.

Sur un an, le marché locatif a augmenté en moyenne de 10%, alors que les loyers étaient déjà plutôt élevés. "En 2022, les prix pour un appartement de 100 mètres carrés à Bruxelles étaient d’environ 1400 € par mois. À Anvers, vous étiez à 1300 €. À Gand, vous étiez à 1100 €. Et à Liège, vous étiez à 960 €", détaille Olivier Carrette, administrateur délégué de l’UPSI, l’Union de professionnels du secteur immobilier.

Ce dernier confirme également la hausse des prix : "Nous avons aussi constaté cette augmentation entre 5 et 10% du prix des loyers."

Des différences entre les villes et campagnes

Les chiffres précédemment cités restent toutefois des moyennes. En fonction de l’endroit où se trouve le logement, le loyer peut évoluer, ce qui explique que les locataires se trouvent en plus grand nombre dans les grandes villes : À Bruxelles, par exemple, 60% des habitants sont locataires. À Gand et à Anvers, 55%, et à Liège, 50%. Et c’est aussi naturellement dans les villes, où la demande est la plus importante, que l’on paie le plus cher.

Entre Liège et Bruxelles, le loyer d’un studio peut ainsi aller du simple au double. Bruxelles est, en avril 2023, la ville belge avec les loyers les plus élevés. Comptez 948,8 € en moyenne pour un studio.

Quels profils pour les locataires ?

Les locataires sont majoritairement des personnes lambda, un peu monsieur et madame Tout-le-monde, ceux qui prennent leur mal en patience car ils n’ont pas encore les moyens d’acheter, ceux qui sont prudents et qui attendent des jours meilleurs, ou encore les jeunes couples qui ne peuvent pas faire appel aux parents. Un dernier profil qui s’explique car aujourd’hui, pour obtenir un prêt immobilier de la banque, il faut disposer d’un apport personnel de 20%.

A contrario, il y a ceux aussi qui aujourd’hui ne jurent plus du tout par la sacro-sainte brique dans le ventre.

La façon de vivre des Belges évolue et de nombreux jeunes sont moins enclins à s’endetter pour 15, 20, 25, voire 30 ans. Ils veulent une plus grande mobilité dans l’immobilier.

Ces derniers ont aussi souvent des profils professionnels plus flexibles qu’auparavant. Ils travaillent aujourd’hui à Bruxelles, demain à Gand, après-demain à Liège, et pour le même prix, ils partent à l’étranger. S’ils ont un prêt hypothécaire qu'ils doivent rembourser pendant 15 ou 20 ans, cela diminue un petit peu leur flexibilité.

Cette surchauffe du marché locatif, c’est parti pour durer ?

Principe de l’offre et de la demande oblige, les prix vont malheureusement continuer à augmenter. Pourtant, il y a urgence à refroidir le marché locatif, au risque sinon qu’il devienne inabordable pour toute une frange de la population.

Un chiffre pour bien comprendre le poids du logement pour un ménage : les Belges qui ne sont pas propriétaires de leur appartement consacrent en moyenne 23% de leur budget mensuel à leur loyer. C’est près d’un cinquième d’un budget.

Mais comment faire pour refroidir cette machine et rendre le logement plus abordable ? Pour les experts, le mieux serait encore de favoriser l’achat de résidentiel neuf. C’est en tout cas ce pour quoi ils vont plaider.

"En France, on a vu que le marché résidentiel neuf a baissé de 30 à 40%. Et la Fédération française des promoteurs a fait un appel au gouvernement pour aider les primo acquéreurs à obtenir des crédits à taux zéro et a aussi fait un appel pour octroyer plus de permis. Je crois qu’en Belgique, nous allons faire la même chose", indique Olivier Carrette.

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