" Je suis sûr que l’exposition permettra aux gens de ressentir ce que signifie pour l’Ukraine la défense de la liberté. " Cette déclaration du Président ukrainien à l’ouverture de la biennale de Venise résume bien le symbole de liberté – de représentation, de pensée, de critique – que représente la création artistique. L’art témoigne, imagine et transmet des émotions.
Le Musée d’Art contemporain d’Anvers MuKHA et le PinchukArtCentre de Kyiv, avec la participation immédiate de Bozar et du Parlement européen, ont monté cette triple exposition augmentée d’importants moments d’échanges autour de la culture ukrainienne passée et présente, patrimoine d’une nation dont Vladimir Poutine nie l’existence en tant qu’État souverain.
Imagine Ukraine est rassemble des œuvres d’artistes ukrainiens de la collection de la Communauté flamande. Ce sont les points d’accroche d’une réflexion nourrie par des présentations, des débats et des événements sur l’avenir de l’Ukraine, les ponts entre l’Europe de l’Ouest et le pays, une réflexion par les Ukrainiens sur leur propre nation. Trois axes articulent l’exposition : au Parlement européen, la perspective est celle de l’artiste en tant que témoin, à Bozar la tension entre les grands récits et la réalité des vies humaines, au M HKA l’art comme esprit critique.
Depuis que la Russie a intensifié ses préparatifs de guerre au début de 2022, Alevtina Kakhidze, armée de papier et de feutres, publie un journal visuel sur Instagram. Un journal dessiné à 26 km de Kyiv. Les dessins enfantins appuient des réflexions angoissantes ou ironiques. Son activisme artistique (dessins, écrits, performances) a débuté avec la guerre du Donbass et l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014.
Sergey Bratkov, ukrainien installé à Moscou depuis 2000, documente depuis de longues années la réalité sociale de la Russie et de l’Ukraine. Les stigmates de l’ère soviétique, la société russe prise en étau entre la glorification du système soviétique et l’ultralibéralisme actuel, la classe moyenne appauvrie. Bratkov a représenté l’Ukraine à la Biennale de Venise en 2007. À Bozar, Bratkov montre d’une part des jeunes femmes sûres d’elles dans la section balistique de l’école militaire ukrainienne, et d’autre part des boxeurs exténués après le combat.
Nikita Kadan, est très présent dans Imagine Ukraine avec l’installation Little House of Giants et la troublante série The Chronicle de 2016. L’artiste travaille avec des sociologues, des architectes et des militants des droits de l’homme. Kadan se sert de l’histoire et de l’architecture pour révéler l’héritage de l’Union soviétique et pour étudier son impact sur les développements récents en Ukraine. Avec la série The Chronicle de 2016, Nikita Kadan a utilisé des photographies montrant, entre autres, des victimes du progrom de Lviv en 1941 et des victimes du NKVD, la police politique de l’URSS. The Chronicle est une référence à la manipulation des images dans le but de créer une mythologie basée sur une idéologie.
Avec de nombreuses œuvres créées en 2022, Imagine Ukraine montre l'engagement des artistes ukrainien.ne.s qui comme chacun.e à son niveau participent à la résistance dans cette guerre. Ils et elles sont 18 artistes au total, dont de très jeunes vidéastes, et au M HKA le grand dessin mural d’Anna Scherbyna en prise directe avec cette actualité dramatique.
Par ses nombreuses activités, le projet Imagine Ukraine éclaire la complexité d’un pays aujourd’hui tourné vers l’Europe occidentale et étroitement lié par la langue et la culture à la Russie. Les rencontres, interview video et activités sont rassemblées sur le site IMAGINE UKRAINE quadrilingue : anglais, néerlandais, français et ukrainien., pour que " notre compréhension commune et réciproque aille crescendo " selon le souhait des organisateurs de cet ambitieux projet mené de front à Anvers et à Kyiv.
Imagine Ukraine du 6.5 au 21.08.2022 au M HKA et au parlement européen. DU 6.5 au 19.06.2022 à Bozar