"La première fois que je me suis fait contrôler, j’avais dix ans. La dernière fois, c’était il y a trois jours". Ces paroles sont celles de Valoua, Parisien de 23 ans.
Comme lui, des dizaines d’autres jeunes ont été interrogés par l’ONG Human Rights Watch. Comme lui, ces autres jeunes ont souffert du "délit de sale gueule" ou "contrôle au faciès". Des témoignages présents dans l’étude "Ils nous parlent comme à des chiens" sur les contrôles abusifs de police en France publiée ce jeudi par l'ONG.
On a six négrillons
Parmi les récits recueillis, celui d’Oumar, 14 ans : " J’ai été contrôlé une fois, cette année. C’était avant le ramadan. Ma mère m’avait envoyé acheter du pain. Je marchais dans l’allée et la police m’a attrapé. Ils m’ont empoigné, poussé contre le mur et fouillé. Ils m’ont mis la main dans la poche et ont sorti les 5 euros. ‘C’est quoi, ces 5 euros ?’ Je me suis mis à pleurer […]. C’était une équipe de trois, ils essayaient d’attraper quelqu’un. Après ça, je ne suis pas allé acheter le pain, j’avais peur". Suite à cet épisode, son père est allé à la police, mais ceux-ci ont nié avoir été incorrects.
Et puis il y a Gadi, jeune Parisien de 15 ans, contrôlé, avec ses amis, après une partie de football : " J’ai entendu un des policiers dire dans son talkie-walkie : ‘On a six négrillons.’ Un autre jour, un policier m’a dit : ‘Arrête-toi, petit négro.’ Ça me dérange. Il n’y a rien de physique, mais c’est la façon dont ils nous parlent, sans qu’on ne sache jamais pourquoi."