Guerre en Ukraine

" Il y a un enlisement voire un délitement russe qui est en cours" estime Julien Pomarède, chercheur en sciences politiques à l’ULB

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Par Hugues Angot

La Belgique se félicite des demandes d’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède. Mais que pensez de ces demandes d’adhésion ? Vont-elles avoir un impact sur la guerre en Ukraine ? Doit-on s’attendre à une escalade du conflit ? QR l’actu fait le point avec Nina Bachkatov, docteur en sciences politiques à l’ULiège et spécialiste de la Russie et Julien Pomarède, chercheur en sciences politiques à l’ULB.

Adhésion à l'OTAN

Les demandes d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN vont-elles être considérées par Poutine comme des provocations supplémentaires de l’Occident et provoquer une escalade militaire et d’éventuelles attaques ? Nina Bachkatov se veut rassurante et précise que la Suède et la Finlande sont neutres mais aussi très militarisés :" Ils ont une armée puissante, bien équipée avec beaucoup de réservistes. A côté de cela, les réactions sont très modestes à la fois de l’OTAN mais aussi de la part de Vladimir Poutine. Il a dit tant qu’il n’y a pas de nouvelles bases avec des armes nucléaires, on peut négocier".

Pour Julien Pomarède, ces potentielles adhésions ne vont pas véritablement changer la dynamique opérationnelle du conflit. Il y a un enlisement voire un délitement russe qui en court. Par contre, on peut s’attendre à une nouvelle forme d’escalade verbale avec la menace d’un conflit nucléaire. Mais je pense que ça n’ira pas plus loin".

Mais est-ce que ces demandes d’adhésion sont "raisonnables"? Si l’on se place du côté suédois ou finlandais, il est compréhensible que ces pays puissent souhaiter la protection des Etats-Unis mais il est clair que ces demandes d’adhésion peuvent potentiellement aggraver le conflit, ajoute le chercheur en sciences politiques de l’ULB.

Menace sur l’Europe ?

Si on écoute les dernières déclarations officielles en provenance de Moscou, on constate une certaine accalmie dans les menaces russes estime Nina Bachkatov. "On sent également de la part des Occidentaux, la crainte que ce conflit ne s’éternise et que les Ukrainiens engrangent des victoires supplémentaires, ce qui rendrait la solution négociée beaucoup plus difficile".

Incursion ukrainienne en Russie ?

Selon Julien Pomarède, on doit exclure le scénario de bataillons entiers qui passeraient la frontière. "Ce qui intéresse les Ukrainiens, c’est de sortir les Russes de leur territoire. Stratégiquement, ils n’ont aucun intérêt à attaquer le territoire russe mais politiquement par contre, ils pourraient envoyer un message en montrant qu’ils sont capables d’aller frapper la Russie sur son territoire. Ça pourrait être pour détruire un entrepôt d’armes ou une réserve de pétrole. Le faible avec un coup d’éclat sur le fort peut générer une communication aux effets importants".

Cour pénale internationale ?

Une équipe de 42 enquêteurs et experts de la Cour pénale internationale va être déployée en Ukraine afin d’enquêter sur les crimes commis pendant l’invasion russe. C’est la plus importante mission en termes d’effectifs jamais envoyée. Alors peut-on s’attendre un résultat concret et d’éventuelles condamnations ? Nina Bachkatov semble y croire assez peu à moins que des militaires russes soient faits prisonniers sur le territoire ukrainien. "Pour qu’il y ait procès et sanction, il faut que ces suspects arrivent en Ukraine et je ne sais pas vraiment comment on pourrait faire. Par ailleurs, ces enquêtes me semblent très difficiles à mener et la preuve me semble toujours difficile à établir. Quant à Poutine, je dis toujours qu’on ne juge que les vaincus et des vaincus suffisamment défaits pour les Russes décident de l’extrader".

 

 

 

 

 

 

 

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