Belgique

Il y a un an naissait le gouvernement "Vivaldi" d’Alexander De Croo: il était six heures du matin, comment tout a commencé ?

La dernière visite chez le Roi de Paul Magnette et Alexander De Croo le 30 septembre 2020, dans la matinée, jour de conclusion de l’accord de naissance de la "Vivaldi".

© AFP or licensors

Par Fabien Van Eeckhaut

Il y a un an jour pour jour, le 30 septembre 2020, aux petites heures – il était environ 6 heures du matin – sept partis (les socialistes, les libéraux, les écologistes et le CD&V) bouclaient un accord de gouvernement dit "Quatre saisons" ou "Vivaldi" au terme de longues négociations entamées depuis près de quinze jours dans les murs "discrets" – avec la presse tenue largement à l’écart – du palais d’Egmont à Bruxelles.

Résultat : un programme de 98 pages, mêlant gauche et droite, promettant relance, emploi, coups de pouce aux soins de santé et aux pensions, une bonne dose de transition écologique, la sortie du nucléaire et des préparatifs pour une nouvelle réforme de l’Etat à l’horizon 2024. Rien que cela…

Avec ou sans la N-VA ?

Inutile de revenir sur toute la "saga" de formation de cette équipe inédite, 493 jours après les élections du 26 mai 2019 – pas un record, mais tout de même ! -, plus de 600 jours après la chute du gouvernement précédent Michel suite au départ de la N-VA en décembre 2018.

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Il suffit déjà de se souvenir des nombreux passages par la case Palais, avec le choix d’informateurs (Didier Reynders-Johan Vande Lanotte mai-octobre 2019), de préformateurs (Geert Bourgeois-Rudy Demotte octobre-novembre 2019), d’un informateur N°2 (Paul Magnette novembre-décembre 2019), d’un duo d’informateurs N°3 (Georges-Louis Bouchez-Joachim Coens décembre 2019-janvier 2020), d’un chargé de mission royal (Koen Geens janvier-février 2020), de "missionnaires" royaux (Patrick Dewael, Sabine Laruelle février-mars 2020), le lancement d’un gouvernement temporaire Wilmès II exécutif d’urgence doté de pleins pouvoirs durant 6 mois (mars-septembre 2020), l’autodésignation ensuite d’un duo sans titre de "renifleurs" (Paul Magnette-Conner Rousseau) puis d’un trio ("les rois mages") Georges-Louis Bouchez-Joachim Coens-Egbert Lachaert, la désignation de préformateurs (Bart De Wever-Paul Magnette juillet-août 2020, puis Egbert Lachaert rejoint par Conner Rousseau août-septembre 2020), et enfin de co-formateurs (Paul Magnette et Alexander De Croo septembre). Voilà pour un rapide rappel du tournis d’alors…

Entre-temps au regard des résultats des élections de mai 2019, avec le succès du Vlaams Belang, d’Ecolo et du PTB, la N-VA demeurant tout de même premier parti du pays, on aura tout essayé, tout testé. Avec ou sans la N-VA, de nombreux partis refusant de s’asseoir à la table des nationalistes flamands (dont le PS, avant que finalement même le Boulevard de l’Empereur ne teste la possibilité, allant visiblement très loin dans les discussions).

Avec la crise sanitaire, il fallait accélérer les discussions

Pour Jean Faniel, directeur du CRISP (Centre de recherches et d’informations sociopolitiques), "dès le lendemain des élections, on se rendait bien compte qu’il n’y avait pas une infinité de coalitions possibles. Globalement c’était avec ou sans la N-VA. Et on a bien senti qu’il faudrait bien mettre un grand nombre de partis autour de la table. La N-VA évidemment c’était difficile de l’envisager dans un gouvernement avec le MR, le PS, et encore plus avec Ecolo et Groen qui refusaient de négocier avec la N-VA, d’autant plus qu’évidemment un certain nombre de dossiers sans doute communautaires auraient dû être dans la balance… On a très vite travaillé sur une autre possibilité qui était ce que l’on appelle l’arc-en-ciel’, avec les socialistes, les libéraux, les écologistes, mais arithmétiquement cela ne suffisait pas donc il fallait le CD&V en plus. Mais tout ça a pris pas mal de temps".

"Ce qui a permis d’arriver à la 'Vivaldi', ce sont deux choses : la crise sanitaire – il fallait accélérer les discussions et on ne pouvait plus se permettre de retourner à des élections anticipées – et aussi le fait que, vu cette crise Covid, l’Union européenne a suspendu ses traditionnels critères, ce qui a ouvert la porte à un vaste projet socio-économique commun des libéraux, socialistes, démocrates-chrétiens et écologistes souvent très divisés sinon sur les questions budgétaires."

Dave Sinardet, politologue à la VUB et à Saint-Louis, ajoute, lui, que "PS et N-VA étaient arrivés à un deal à l’été 2020, contenant un pas important vers une scission de la Belgique contre certaines politiques sociales, mais ils ne sont pas arrivés à convaincre les libéraux et les écologistes de les rejoindre. Après que Bart De Wever et Paul Magnette aient eu leur tour, on est alors repassé à l’autre seule formule possible : la Vivaldi, coalition à sept partis".

Retour au 30 septembre et 1er octobre 2020

L’accord de gouvernement bouclé, les présidents de partis et leurs conseillers relisent le texte, et il faut encore débattre du casting à commencer par le poste de Premier ministre. Jusque pratiquement les derniers jours, le "match" a eu lieu entre le PS Paul Magnette et l’Open Vld Alexander De Croo ; face à l’opposition notamment du MR sur le nom du socialiste, c’est le libéral flamand qui l’emporte : il sera le Premier ministre de la Vivaldi.

Les deux hommes se rendent chez le Roi dans la matinée pour un ultime rapport de leur mission, réussie cette fois. Ils organisent alors une conférence de presse commune au Palais d’Egmont pour présenter les grandes lignes de l’accord de gouvernement et confirmer le rôle de chacun. Dans la soirée, les sept partis concernés tiennent leur congrès de participation d’où sortiront sans surprise 7 "oui".

Le 1er octobre au matin, on découvre le casting complet de l’équipe De Croo, non sans quelques couacs et retards du côté du MR. Le gouvernement inédit (7 partis, un Premier ministre, 14 ministres et 5 secrétaires d’Etat) prête serment devant le Roi au Palais de Bruxelles. Traversée du parc vers le Parlement fédéral, photos officielles au Palais et à la Chambre. Certaines passations de pouvoirs s’organisent déjà.


►►► A lire aussi : Il y a un an naissait le gouvernement "Vivaldi" d’Alexander De Croo. Qu’en est-il des promesses de l’époque ?


Mais la journée n’est pas encore finie. Tout le monde se retrouve l’après-midi dans l’hémicycle du Parlement européen, "loué" pour l’occasion de quoi donner, contexte sanitaire oblige covid, suffisamment de possibilités de distanciation sociale pour les 150 députés fédéraux.

Alexander De Croo livre son premier discours de Premier ministre, sa déclaration de politique générale ; il présente les grands contours de son programme de gouvernement et demande la confiance de la Chambre. En 19 minutes.

Suivront deux jours de débats et le 3 octobre, comme de coutume 48 heures après la déclaration politique d’Alexander De Croo, la Chambre accordait la confiance au gouvernement, par 87 voix pour et 54 contre et 7 abstentions Défi et le cdH préférant alors laisser le bénéfice du doute à la nouvelle équipe. La Vivaldi c’était parti, il y a un an donc…

Le premier discours d’Alexander De Croo, Premier ministre

Gouvernement : la déclaration d'Alexander De Croo

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