Dernier rebondissement en date : l’annonce par la junte birmane, ce 4 janvier 2023, de l’organisation d’élections multipartites "libres et équitables", dans les prochains mois.
Déjà qualifiées d’impostures par les Occidentaux, "ces élections ne devraient même pas être nommées ainsi, elles ne sont qu’une mascarade électorale, dont personne n’est dupe, de la part de la junte pour asseoir sa légitimité", estime encore Sophie Brondel, coordinatrice de l’ONG Info Birmanie.
Et pour cause : la junte a littéralement et symboliquement mis à mort la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), principal parti d’opposition et vainqueur des dernières élections. Tous ses représentants ont été condamnés à de lourdes peines de prison, à commencer par son ancienne leader, Aung San Suu Kyi, condamnée à 33 ans de prison le 30 décembre 2022.
Pour tenter néanmoins de donner un semblant de légitimité institutionnelle au processus engagé, la junte a fixé des conditions très strictes pour que d’autres partis puissent concourir, sans préciser comment elles seront vérifiées. Chaque parti doit notamment promettre que "100.000 membres au moins seront mobilisés" dans les 90 jours suivant l’homologation, et ouvrir des bureaux dans au moins la moitié des districts du pays, sous 180 jours, sous peine de "perdre son statut".
Selon le journaliste Thompson Chau, le risque d’escalade de la violence post-élection est "immense". Un risque qui dépend notamment, selon lui, de la reconnaissance ou du rejet du futur scrutin par la communauté internationale, notamment du Japon et de certains pays de L’ASEAN.
Une mascarade électorale de la junte pour asseoir sa légitimité en perte de vitesse
Sophie Brondel, coordinatrice de l’ONG Info Birmanie
Avec une situation humanitaire et sécuritaire qui ne cesse de se dégrader, et une junte fermement installée au pouvoir, l’espoir d’un retour au calme et à la démocratie s’éloigne jour après jour. De quoi s’interroger, et s’inquiéter, de la possibilité que la Birmanie puisse, un jour, sortir de cette impasse.