Le débat des présidents clôture la soirée électorale. Voilà qui est frappant, ce 25 novembre 1991 les principaux acteurs et observateurs, y compris très largement la presse, font le constat d’un vote de rejet, d’un vote sanction. Pas grand monde ne perçoit que la part de conviction qui se cache dans ces votes. Le malaise identitaire, thème porté par le Vlaams Blok va pourtant s’imposer pour les décennies à venir. La préoccupation environnementale portée par Ecolo aussi. Xavier Mabille, directeur du CRISP, le centre de recherche et d’information sociopolitique est chargé de faire le bilan de la soirée. Il résume : C’est un peu un vote sanction contre les grands partis qui monopolisent la représentation au gouvernement. Une de leur faiblesse est de pratiquer beaucoup trop le circuit fermé. Ces hommes politiques parlent beaucoup entre eux et oublient de maintenir le contact avec les gens qui ne sont pas dans les partis. Les vieux clivages belges fonctionnent moins bien que d’habitude. C’est l’affirmation d’un courant écologiste qu’on retrouve ailleurs en Europe et une nouvelle extrême droite qu’il ne faut pas nécessairement assimiler aux formes traditionnelles de l’extrême droite. On peut considérer que ceux qui ont voulu faire de la surenchère par rapport à ceux-là ont contribué à leur succès.
30 ans plus tard
30 ans plus tard, le successeur de Xavier Mabille, Jean Faniel confirme le constat de son prédécesseur. On a connu, déjà à ce moment-là plusieurs affaires qui révélaient de la collusion et de l’entre-soi entre les partis. Mais depuis 1991 on a documenté depuis le fait que les partis qui attiraient un électorat de gauche, comme le SP et le CVP ont progressivement perdu le contact avec la population. C’est le Vlaams Blok qui a pris cette place, à effectuer ce travail de fourmi sur le terrain.
Ce dimanche noir a aussi révélé un vote très contrasté entre nord et sud. Baptiste Hupin journaliste à la RTBF : Il y a un vrai premier déséquilibre qui s’installe à ce moment-là et qui va avoir des répercussions encore aujourd’hui. Deux paysages politiques différents vont naître et ne cesser de se séparer depuis.
En 2004 le Blok devient le Belang et remporte, malgré le cordon sanitaire, les élections en 2004 et 2007. Mais le déclin s’annonce. Ce qu’on remarque c’est un mouvement de percée politique de nouvelles forces dit Jean Faniel. Après le VB, c’est la Lijst Dedecker qui va faire son entrée au parlement et puis et surtout en 2009 et 2010 la N-VA qui devient le premier parti flamand. Le VB a creusé le sillon de la Lijst Dedecker qui a creusé le sillon de la N-VA. Il devenait assez clair que l’électorat du VB s’était lassé du cordon, lassé de voir son vote perdu et qu’il a voté pour d’autres partis de droite (pas d’extrême droite) utiles qui reprenait une partie des thèmes du VB.