A cela s’ajoutent aussi des inégalités de salaire et de pension. Les hôtesses finiront par réagir. Un long combat judiciaire va s’engager. Ce sera " l’affaire Defrenne ", du nom de cette hôtesse, Gabrielle Defrenne, qui en 1968 atteint l’âge fatidique de 40 ans. Elle sera défendue par l’avocate féministe Eliane Vogel Polsky, qui va s’appuyer sur l’article 119 du Traité de Rome, signé en 57 entre les 6 pays fondateurs de l’Europe. Il garantit l’égalité de rémunération entre hommes et femmes, mais il reste très théorique.
"Eliane Vogel Polsky, c’est une avocate qui voit dans ce nouveau droit européen une occasion de dire le droit, explique l’historienne Vanessa D’Hooghe. Elle voit que le traité de Rome a été voté par la Belgique mais qu’il n’est toujours pas appliqué. Elle a la conviction qu’il faut faire passer des affaires qui vont faire jurisprudence pour le rendre effectif."
►►►A lire aussi : La femme mariée, une mineure sous l’autorité de son époux
Eliane Vogel Polsky va y parvenir. En 1976, la Cour de justice européenne finira par reconnaître que cet article doit être appliqué dans tous les pays membres, indépendamment des législations nationales.
Mais ce n’est pas tout, précise Vanessa D’Hooghe : "L’article 119 au départ est un article très large, pas du tout précis et l’affaire Defrenne va obliger le législateur à dire ce qu’il entend par "rémunération". Petit à petit, des directives européennes vont inclure dans les rémunérations les conditions de travail, l’accès à l’emploi, la promotion… Ils vont étendre le champ couvert par cette obligation d’égalité entre hommes et femmes sur le marché du travail ". L’impact de l’affaire Defrenne est donc considérable, en Belgique comme en Europe, même si on sait que ce combat n’est toujours pas gagné.
La commission esthétique, "une humiliation"
Les hôtesses continuent d’ailleurs de se battre aussi à leur niveau, sur le tarmac. En 1970, elles obtiennent de pouvoir voler jusqu’à 45 ans, mais la Sabena impose une condition : passer devant une commission esthétique !