En mars dernier, au Salon de la bande dessinée d’Angoulême, la société Dupuis annonçait l’arrivée d’une nouvelle BD de Gaston Lagaffe, le célèbre personnage créé par Franquin. Cette BD a été dessinée par le Canadien Delaf. Depuis cette annonce, Isabelle Franquin, l’héritière de l’artiste, a porté l’affaire devant la justice. Elle estime en effet que son père avait clairement indiqué qu’il ne souhaitait pas qu’un autre dessinateur reprenne le personnage de Gaston Lagaffe.
Selon les éditions Dupuis, représentées par leur avocat Alain Berenboom, Franquin a expressément cédé les droits d’abord du Marsupilami et ensuite de Gaston. Dans les deux cas, il vend non seulement les œuvres existantes dont il a les droits, mais en plus il vend le droit, pour son nouvel éditeur, de dessiner Gaston. Il lui cède le personnage et lui donne le droit de le faire adapter.
Mais André Franquin, de son vivant, avait déclaré dans une interview à la RTBF qu’il ne souhaitait pas que le personnage de Gaston soit dessiné par quelqu’un d’autre, même par un très bon dessinateur. Cette l’affaire est évoquée ce lundi pour la première fois devant la justice. Il s’agit d’une audience en référé au tribunal de Bruxelles demandée par Isabelle Franquin pour empêcher toute prépublication et toute promotion du nouvel album, ce que les éditions Dupuis ont d’ailleurs accepté. La publication de l’album devrait revenir devant la justice dans quelques mois.
Un collectif d’artistes, de dessinateurs comme Philippe Geluck ou Zep ont signé une lettre ouverte dans laquelle ils demandent à Dupuis d’honorer la volonté d’André Franquin. Interrogé sur La Première, Frédéric Jannin explique qu’il a signé et partagé "cette lettre ouverte suite à des échanges avec des collègues, des gens de la profession et d’autres créatifs qui, comme moi, étaient catastrophés par la nouvelle. Pour moi, ce n’était pas tellement difficile de réagir. J’ai eu la chance de connaître et de travailler avec Franquin. Donc je l’ai entendu plusieurs fois déclarer haut et fort qu’il ne voulait pas de reprises de Gaston Lagaffe. Et d’ailleurs, comme le disent les proches, comme Dany par exemple : s’il avait voulu un repreneur, il l’aurait sans doute formé comme il l’a fait avec Batem pour le Marsupilami."