Derrière cet accord se cache un constat : la Belgique n’est plus aussi incontournable en aéronautique militaire qu’auparavant.
L’aéronautique militaire belge a en effet longtemps été considérée comme un fleuron de l’économie wallonne. En 1975, la Belgique signe "le contrat du siècle" avec les Etats-Unis et accepte de produire et de livrer 998 avions F-16. L’investissement de l’époque est énorme pour le gouvernement belge, mais cet achat a aussi permis de propulser le secteur de l’aéronautique dans le pays. Une industrie qui s’est perfectionnée au cours de ces dernières décennies et qui était devenue incontournable sur le plan international. La Sonaca, à Gosselies, en était un exemple très concret.
Mais en 2018, la Belgique, après une saga à rebondissements, choisi de remplacer ses F-16 vieillissants par des F-35, principalement construits aux États-Unis. Le contrat conclu sous le gouvernement de Charles Michel doit bien générer des retombées économiques en Belgique, mais bien moindres que celles provoquées par la construction des F-16.
Les contrats principaux partent dans d’autres pays, le secteur aéronautique belge se tourne alors davantage vers le civil et les vols commerciaux.
Rajoutons à cela que, depuis quelques années, le secteur aéronautique est confronté aux pressions incessantes sur les prix pratiqués dans la construction et la maintenance du secteur aéronautique, et sur les coûts de production toujours à la hausse.
Bref, aujourd’hui la Belgique ne fait plus partie des acteurs incontournables du secteur : "Finalement les retombées que nous avons obtenues avec ce contrat des F-35 c’était peanuts !", explique Gérald Scheepmans, permanent CNE, "Avec la guerre en Ukraine notamment, je pense qu’il est temps que la Belgique se remette dans les conditions pour être un acteur important et pouvoir négocier avec les tout grands acteurs militaires."
Le syndicaliste se dit d’ailleurs plutôt content de l’annonce de partenariat entre les sociétés : "Sur le site de Gosselies, se trouvent plusieurs acteurs du secteur. Et de manière syndicale, nous avions déjà réfléchi à comment faire pour être plus forts, pour peser plus face à des géants étrangers. Je trouve que c’est donc une bonne nouvelle."