A.D. : Dans votre livre, vous expliquez comment fonctionne le cerveau, et vous parlez de la répercussion que le stress peut avoir sur la santé mentale. Vous proposez aussi toute une série d’astuces. Et vous remarquez que les utilisateurs ont de plus en plus tendance à comparer leur vie à ce qui est affiché sur les réseaux sociaux. Et vous posez la question : "Est-il est possible d’établir un lien entre l’augmentation des usages des réseaux sociaux, et une hausse des taux de dépressions ?"
X.d.L : "Cette constatation part de tout ce qui se passe dans mon cabinet de consultation. Beaucoup de personnes perdent toute confiance et estime d’elles-mêmes en disant : "Pour les autres, tout va bien… Et moi, avec la même vie que les autres, je n’y arrive pas !" Et on parle souvent de ça. Sur les réseaux sociaux, on va voir une photo de vacances, tout le monde est souriant, bronzé avec un verre au bord de la plage. On ne se met pas en scène sur les réseaux sociaux en train de faire le ménage ou de se tuer au travail. Il y a un problème de confiance en soi, or la confiance est quelque chose de très important. C’est la confiance qui nous permet de nous lancer dans les choses positives. Si on ne se met pas plus en priorité, c’est également parce qu’on se dit : "A quoi bon... Quoique je fasse, il n’y a jamais rien qui fonctionne…" Mais pour ça, il faut avoir confiance en soi. Et les réseaux sociaux nous donnent une image d’un idéal tellement loin que finalement, le fait de ne pas pouvoir y accéder fait qu’on ne se lance plus."
A.D. : Je voudrais revenir sur une thématique que vous abordez et qui est très "tendance" pour le moment, surtout par les temps qui courent, puisque les enfants sont plus souvent à la maison à cause des écoles qui ferment et les confinements. Vous parlez du burn-out parental. Ça aussi, c’est le mal du siècle…
X.d.L : "On augmente tous nos standards, toutes nos exigences envers nous-mêmes. C’est notamment un mouvement sociétal :"Il faut que mon enfant soit trilingue, qu’il soit doué en sport, qu’il soit poli" etc. Et de nouveau, c’est une question d’exigence qui est sociale, notamment via les réseaux sociaux. Quand on voit défiler sur Facebook la liste des bulletins des autres enfants, nous sommes dans une situation de comparaison. Mais c’est aussi la façon dont on intègre cette exigence envers nos enfants. On veut pour eux une vie parfaite, avec tout ce dont ils doivent bénéficier dans les relations sociales, le sport etc. Et on s’épuise là-dessus car on met nos idéaux tellement loin, qu’on n'y arrive jamais. Et on désespère de ne pas parvenir à son idéal. Il faut remettre les choses en perspective, s’apaiser et prendre du recul. Prendre soin de soi, c’est peut-être baisser le niveau d’exigence envers soi-même d’abord."
A.D. : Dans ce livre, vous expliquez aussi un point très intéressant et qui concerne beaucoup de personnes. Quand on parle de ce fameux "burn-out", on a l’impression qu'il s'agit d'un gros orage qui nous tombe sur la tête. Mais ce n’est pas du tout comme ça que ça se passe... Vous donnez plusieurs clés pour identifier le fait que c’est tout un chemin qui va nous mener vers cette "catastrophe" mentale.
X.d.L : "Oui, tout à fait. Souvent, il y a un élément qui vient faire déborder les choses. Certains patients me disent : "J’étais dans ma voiture, j’étais sur le bord de la route et je ne savais plus faire un mètre." Mais on se rend compte que les choses durent depuis un an, deux ans ou même plusieurs années. C’est une façon de fonctionner en "sur-régime", en "sur-adaptation", comme évoqué dans le livre. Vouloir toujours s’adapter à "plus." Comme quand on entre dans une équipe, et qu’il y a quelqu’un qui est plus perfectionniste, plus travailleur. Dès qu’il y a un dossier en plus, il ne va pas s’avoir dire non. Il va le prendre en charge et son travail va s'accumuler; il commence à travailler un peu plus chaque soir. On reste connecté, on ne sait plus jamais se détendre et on ne s’en rend pas compte. On accumule la fatigue et l’épuisement mental."
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