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Ici le monde : Liban, la victoire du film "Barbie", mais la douleur de la communauté LGBTQIA +

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Par Esmeralda Labye via

Le podcast Ici le monde, est un voyage. Une découverte en trois escales de ce qui fait l’actualité à l’étranger.

Première étape, le Liban où le film de Greta Gerwig Barbie a failli ne jamais sortir en salle. Le ministre de la Culture a tout tenté pour l’interdire. Depuis plusieurs mois, les attaques des leaders religieux et politiques contre la communauté LGBTQIA + se multiplient. Est-ce une tentative pour détourner l’attention de la population des vrais problèmes et notamment de la situation économique du pays ?

Deuxième escale, l’Italie et la ville de Venise. Paradis des amoureux, elle est devenue un enfer pour ceux qui y résident. Ils sont nombreux d’ailleurs a estimé vivre chez des 'étrangers', des 'touristes' plutôt que chez eux.

Dernière destination, le Chili. Le pays s’est souvenu cette semaine des 50 ans du coup d’État du général Pinochet. Au même moment, le président Gabriel Boric annonçait que l’État allait, pour la première fois de son histoire, aider les familles de disparus. Le gouvernement financera les recherches des corps. À ce jour, plus de 1000 Chiliens n’ont jamais été retrouvés.

Des fans de Barbie posent devant le panneau en forme de boîte à poupée dans un cinéma à Beirut.
Des fans de Barbie posent devant le panneau en forme de boîte à poupée dans un cinéma à Beirut. © ANWAR AMRO / AFP

Barbie, le blockbuster de Greta Gerwig, est sorti dans les salles de cinéma libanaises le 7 septembre. L’organe de sécurité chargé de valider les projections n’a finalement pas suivi les injonctions du ministre de la Culture par intérim, Mohamed Mortada. Ce dernier, membre du parti Amal, proche du Hezbollah, voulait interdire le film, comme en Algérie et au Koweit. Selon lui, Barbie va à l’encontre des valeurs morales et religieuses du pays en encourageant la perversité et la transformation des genres, tout en appelant au rejet du patriarcat. Pour Mohamed Mortada, ce film ridiculise en outre le rôle des mères. Son opposition à Barbie est un épisode de plus d’une violente campagne contre la communauté LGBTQIA +. Une violence montée crescendo au cours de l’été, dans un pays en crise.

© AFP - JustinTallis

De nombreux politiques se sont entendus. Alors qu’ils sont membres de partis très opposés, du Hezbollah chiite pro iranien aux courants chrétiens d’extrême droite, ils affirment que la société libanaise est menacée par la promotion de la perversion, terme par lequel ils désignent l’homosexualité. Leur appel trouve aussi une oreille assez large auprès d’une partie de la population.

Résultat, les exemples d’atteintes à la liberté d’expression se multiplient ces derniers mois. En août dernier, l’humoriste Nour Hajjar a été arrêté pour un sketch sur les militaires obligés de trouver un second boulot pour pallier la crise. Le même mois, un bar de Beyrouth qui accueillait un drag show a été attaqué par des chrétiens fondamentalistes. Les auteurs n’ont pas été inquiétés.

© Facebook

Malgré la réputation de relative tolérance du pays du Cèdre, l’homosexualité est toujours pénalisée au Liban. Un projet de loi pour la dépénaliser a été enterré cet été ; les quelques députés qui soutenaient le texte ont été harcelés en ligne. Ces derniers mois, l’espace de la communauté LGBTQIA + s’est réduit.

Plusieurs ONG s’inquiètent d’une réduction des libertés mais leurs voix sont quasi inaudibles.

Boucs émissaires

La volonté de vouloir interdire Barbie ne serait-elle qu’un moyen de détourner les yeux des Libanais de la situation de crise que traverse le pays ? Beaucoup le pensent. Selon les Nations-Unies, le pays traverse la pire crise économique depuis 1850. D’aucuns pensent donc que trouver des boucs émissaires comme les homosexuels ou les réfugiés permet d’oublier cette crise.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 82% des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, 10% de la population détient 70% des ressources. Le taux d’inflation demeure parmi les plus élevés du mondeLes prix des denrées alimentaires se sont envolés. Au supermarché, certains produits ne sont même plus étiquetés : les prix changent tous les jours Parmi les causes de cette flambée des prix, la dépréciation de la livre de plus de 98% par rapport au dollar sur le marché noir. Selon le dernier rapport sur la sécurité alimentaire de la Banque Mondiale, le Liban a enregistré la plus grande hausse des prix des denrées alimentaires dans le monde, soit une hausse de 350% entre avril 2022 et avril 2023.

Et le pays, autrefois surnommé "la Suisse du Proche-Orient" n’a toujours pas de président. Le pouvoir est vacant depuis octobre 2022.

© Belga image

► Retrouvez Ici le monde, tous les dimanches après le journal de 8h sur La Première et sur Auvio.

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