Dans "No man is big enough for my arms", vous samplez un discours de Michèle Obama, qui dit que l’on mesure l’avancement d’une société à la façon dont elle traite ses femmes et ses filles…
Lisa : L’histoire de cette chanson part d’un livre, "Widow Basquiat", l’histoire de Suzanne, la veuve de Jean-Michel Basquiat, qui m’a très fort marquée. Notamment un passage où un homme l’accoste à l’âge de sept ans et lui dit qu’un jour, il reviendra et qu’il se mariera avec elle. Du haut de ses sept ans, elle lui répond: "Aucun homme n’est assez grand pour mes bras!".
Et pourtant, elle va tout donner à un homme, jusqu'à s’oublier totalement, avant de reprendre les rênes de son destin. C’est dingue et tellement important d’avoir cette conviction que, si vivre un amour est fantastique, cela ne doit pas être une raison de vivre, qu’on se suffit à soi-même en tant que femme. Mais, elle va pourtant tout lui donner… Le discours de Michèle Obama est arrivé juste après l’insupportable phrase du candidat Trump: "Grab them by the Pussy". Ce message, en guise de réponse, nous parle beaucoup.
Naomi : C’était un message humaniste, qui dépasse la prise de position politique. C’est une femme avant d’être une politique.
La politique, c’est difficile, on risque très vite cataloguée. C’est juste notre vision, on ne prêche pas, on n’a pas les réponses. Cela aurait pu être un autre discours d’une autre figure inspirante, Christiane Taubira par exemple.
Vous mentionnez l’ancienne Ministre de la Justice française. Vos origines sont multiples, votre carrière de plus en plus internationale. Quel rapport entretenez-vous avec la France?
Lisa : Un rapport très particulier, très touchant! Pour les Français, on n’est pas françaises. C’est dingue mais la majorité des gens en France nous parlent en anglais! Pourtant, on est françaises, c’est notre socle, nos profs de musique sont français, on écoute énormément de musiques francophones. Et la France est un des endroits où on a vendu le plus de disques.
Naomi : On a beaucoup de chance parce qu’on ajoute à ça nos origines à la fois hispaniques et yorubas. Elles nous accompagnent tous les jours, c’est un puits de savoir et de culture. On a tellement à apprendre de nos ancêtres.
Au final, vous semblez terriblement complémentaires. Que vous apporte la gémellité?
Lisa : Une force énorme, surtout dans notre musique. C’est notre connexion, notre lien, notre moyen de communication. Si on pouvait communiquer autrement, on n’aurait sans doute pas fait de la musique!
Entretien : François Colinet
En concert : le 29 juin à Couleur Café (Bruxelles) et le 6 juillet aux Ardentes (Liège)