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"I Will Survive" de Gloria Gaynor, hymne gay avant d'être un hymne de foot...

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Par Sébastien Ministru

Un titre en anglais, c’est exceptionnel dans " Paroles, Paroles ", mais Coupe du monde oblige : soyons Esperanto !

" I Will Survive " de Gloria Gaynor fête ses 40 ans cette année. La chanson est entrée au catalogue de la Library Of Congress (la bibliothèque nationale américaine) en 2016 comme trésor national pour " son apport culturel, historique et artistique signifiant ". C’est pas au Grand Jojo que ça arriverait à la Bibliothèque Royale, m’enfin bon… on peut toujours militer. Le destin de la chanson a évolué vers un statut tout à fait inattendu : elle est devenue un hymne de stades. Un hymne de rassemblement depuis la première victoire de l’équipe de France lors du premier match joué contre l’Afrique du Sud (3-0) lors de la Coupe du monde en 1998. On a donc l’acte de naissance de cet hymne : c’est le 12 juin 1998. Pour exprimer sa joie, Vincent Candela entonne " I Will Survive " dans les vestiaires, il est suivi par ses coéquipiers (ça peut être gamin, un joueur de foot), le climax se situant le 12 juillet, moment où la France entière chante " I Will Survive " après la victoire des Bleus contre le Brésil (3-0). Alors, soyons juste avec l’histoire, toute la France chante " I Will Survive "… mieux vaudrait dire toute la France fait " la la la "…  

Hermes House Band - I Will Survive - official video

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Ce fameux gimmick de victoire qui ne se trouve même pas dans la chanson de Gloria Gaynor. Vous pouvez fouillez partout dans " I Will Survive ", vous ne trouverez jamais ce " la la la ". C’est un ajout d’un horrible groupe hollandais – Hermès House Band – dans une version " camping et saucisson " qui fera hélas fureur… Ce qui est amusant et intéressant, c’est que les footeux, en s’accaparant " I Will Survive ", ignorent que la communauté gay a déjà mis une option sur cette chanson – depuis la sortie du disque en 1978. Avant d’être un hymne de foot, " I Will Survive " est un hymne gay.

 

" I Will Survive " raconte l’histoire d’une femme abandonnée qui refuse de reprendre l’homme qui l’a trompée et qui revient la queue entre les jambes. Elle lui dit " J’aurais dû changer cette stupide serrure. J’aurais dû te demander de rendre tes clés " (" I should have changed that stupid lock. I should have made you leave your key ").

Elle refuse de reprendre la vie avec lui parce qu’elle s’est émancipée et n’est plus dépendante des hommes : " I grew strong " (" Je suis devenue forte "). " It took all the strength I had " (" Ça a nécessité toute la force que j’avais "). " I Will Survive " est une chanson sur l’empowerment…

Un propos féministe dans lequel les homosexuels se sont reconnus. Pour deux raisons :

 

D’abord parce que les homos entendent dans cette histoire d’indépendance féminine un chant de résistance – " Je survivrai " – qui sera bien utile pour dénoncer la discrimination dont les gays sont victimes (nous sommes en 1978, ne l’oublions pas).

" I Will Survive " prend une couleur politique, militante qu’elle n’avait pas demandée. Et puis, les gays s’identifient aussi à l’histoire de cette femme larguée parce qu’elle fait écho à la psyché homosexuelle qui – depuis que l’homosexualité doit se vivre dans la clandestinité – est construite sur la mécanique de l’échec amoureux. Il y a cette croyance misérabiliste selon laquelle les amours homosexuelles sont impossibles et foireuses. D’où l’affection projetée sur le personnage de la chanson que les gays vont considérer comme une alliée dans cette lutte pour atteindre une harmonie, une émancipation amoureuse…

" I’ve got all my life to live. And I’ve got all my love to give " (" J’ai toute ma vie à vivre. J’ai tout mon amour à donner "). Cette dimension homosexuelle sera illustrée - dans un clin d’oeil - lorsque " I Will Survive " sera chantée par un homme, avec le groupe américaine Cake :

CAKE - I Will Survive (Live)

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Toujours dans la sphère du rock, les stades – surtout en Italie – ont emprunté et scandé ceci :

The White Stripes - 'Seven Nation Army'

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Le riff de guitare de " Seven Nation Army " qui devient " po po po po " sur les terrains de foo...

 

Plus classique, le " We Are The Champions " de Queen, entré dans les anthologies.

 

Et sans oublier notre patrimoine national, le Grand Jojo :

 

Le grand Jojo-E viva Mexico(1986)

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"I Will Survive" de Gloria Gaynor

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