Hypatie d'Alexandrie, une étoile brillante parmi les savants de l'Antiquité

L'École d'Athènes, Raphaël, 1508-1512. Détail - Au centre, un personnage aux allures féminines, peut-être Hypatie.

© Wikimedia Commons

Les mathématiques, les sciences naturelles ou encore la philosophie ont suscité la curiosité de cette érudite. De toute l’Antiquité, elle aurait été la seule femme intellectuelle à s’être consacrée aux sciences exactes.

Parmi ces personnalités absentes des manuels d’histoire, (re)découvrez aujourd’hui Hypatie, la plus grande érudite de l’Alexandrie antique et, selon plusieurs chercheurs, la première femme universitaire d’Occident.

Aujourd’hui, elle nous raconte.

(Ceci est une mise en récit posthume, qui ne constitue pas les dires d’Hypatie)

Née aux environs de 370 PCN et fille de l’astronome et mathématicien de renom, Théon d’Alexandrie, j’ai le privilège d’avoir comme maître mon propre père. À la tête du célèbre Mouseîon d’Alexandrie, un des plus importants centres intellectuels, il ignore encore qu’il en sera le dernier représentant.

Après un certain temps passé à Athènes, aux côtés de Plutarque et d'autres néoplatoniciens, j'enrichis mes connaissances philosophiques en me familiarisant avec cette doctrine inspirée de Platon aux influences religieuses orientales.

Le savoir au pluriel

Portrait d'Hypatie d'Alexandrie, par Jules Maurice Gaspard (1908)

De retour à Alexandrie, le moment est venu de prendre pleinement part au bouillonnement intellectuel qui caractérise la dite "perle de la Méditerranée".

À la tête de l’école de mon père, je continue d’instruire les couches aisées et cultivées d’Alexandrie et ailleurs. Plusieurs de mes disciples deviendront, d’ailleurs, des intellectuels réputés comme Synésios de Cyrène, futur évêque de Ptolémaïs. Teintée de nostalgie, notre relation épistolaire constituera, plus tard, la seule preuve véritablement fiable de mon existence, à côté des nombreux récits posthumes.

J’aime aussi déserter les auditoires privés pour intervenir lors de conférences publiques. Dans les rues d’Alexandrie, jamais vous ne verrez une autre femme vêtue du pallium, le manteau des philosophes.

La philosophie, oui, sans oublier les mathématiques. Bien que savante, on retient plutôt de moi le manuel pédagogique que l’inventrice elle-même. À raison, car mes savoirs s’inspirent surtout de notables découvertes d’anciens intellectuels grecs, comme les sections coniques du géomètre Apollonios de Perga, ou encore les "Arithmétiques" du célèbre mathématicien Diophante. Des chercheurs m’attribuent également la réédition commentée des "Éléments" d’Euclide, une synthèse des savoirs mathématiques.

La fin tragique d'une martyre païenne


Si le nom d’Hypatie a survécu les siècles, c’est aussi – et surtout – pour le sort tragique dont elle fut victime, devenu un symbole de l’intolérance religieuse.

Parce qu’elle rencontrait souvent Oreste, le gouverneur d’Alexandrie, le bruit courrait parmi les Chrétiens qu’elle l’empêchait d’entretenir des relations amicales avec Cyrille, l’évêque.

En 1736, Voltaire s’indignera à travers ces lignes :

"Y a-t-il rien de plus horrible et de plus lâche que l’action des prêtres de l’évêque Cyrille, que les chrétiens appellent saint Cyrille ? Il y avait dans Alexandrie une fille célèbre par sa beauté et par son esprit ; son nom était Hypatie ; élevée par le philosophe Théon son père, elle occupa la chaire qu’avait eue son père, et fut applaudie pour sa science autant qu’honorée pour ses mœurs ; mais elle était païenne. Les dogues tonsurés de Cyrille suivis d’une troupe de fanatiques, l’allèrent saisir dans la chaire où elle dictait ses leçons, la traînèrent par les cheveux, la lapidèrent, et la brûlèrent, sans que Cyrille le saint leur fît la plus légère réprimande, et sans que le dévot Théodose souillé du sang des peuples de Thessalonique, condamnât cet excès d’humanité."

- Extrait de "L’examen important de milord Bolingbroke"

Au fil des siècles et aujourd’hui encore, la figure d’Hypatie fut récupérée pour devenir – malgré elle – une porte-parole de l’anticléricalisme, du positivisme, voire parfois, du féminisme.

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