Les deux dessinateurs Baudoin et Troubs racontent les frontières et ceux qui risquent leur vie pour les franchir dans un carnet de bord plein d’humanité.
A la frontière entre la France et l’Italie court un fleuve prénommé la Roya. Enlaçant la roche des montagnes, le cours d’eau n’en a que faire des préoccupations humaines et pourtant se retrouve au milieu du passage de centaines de migrants. Ils ont fuit leur pays à cause de la guerre, de la famine, de la sécheresse et ont survécu au périple atroce jusqu’à atteindre l’Italie. Ces personnes traitées souvent de façon inhumaine cherchent à franchir la frontière pour rejoindre la France et épouser un avenir meilleur. S’il est interdit par la loi française d’aider les migrants à traverser, un collectif citoyen s’est mis en place pour réhumaniser les hommes et les femmes qui ne prétendent qu’à fuir l’indicible et trouver un peu de réconfort. “Roya Citoyenne”, du nom du fleuve et de ses habitants est une initiative nécessaire qui nourrit, loge et aide les migrants dans leurs démarches administratives.
Pendant plusieurs jours, les dessinateurs Baudoin et Troubs sont restés auprès des bénévoles et des jeunes migrants, tirant leur portrait contre des histoires. Ce sont les visages marqués d’Adam, d’Abdoul, d’Amir, de Ludovic et de tous les autres qui apparaissent comme dans un trombinoscope ponctués de notes. “Humains” est un carnet de bord sur ce qu’il se cache derrière le terme très médiatique de “crise des réfugiés”. Après avoir dessiné les féminicides de Ciudad Juarez dans Viva la vida et les conditions de vie des fermiers colombiens dans Le Goût de la Terre, Baudoin et Troubs, les dessinateurs-voyageurs s’emparent cette fois d’un sujet plus qu’actuel. A l’heure où les pays européens se renferment sur eux et repoussent le problème le plus loin possible de leurs frontières, il y a une déresponsabilisation générale quant à l’avenir de ceux qui risquent leur vie sur la route. C’est à ces migrants qui sont avant tout des êtres de chair et de sang, de sentiments, de peur qui cherchent à être considérés comme tout le monde que les deux dessinateurs veulent rendre hommage. C’est une belle leçon d’humanisation que proposent Baudoin et Troubs dans un genre accessible, pas prétentieux qui interroge sur la société d’aujourd’hui.