On n'est pas des pigeons

Hubside Store : des pratiques commerciales toujours aussi trompeuses

Switch: l'arnaque continue!

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Par Françoise Walravens via

Ils changent de nom, mais rien ne change ! Les magasins Switch se nomment Hubside Store. Et leurs pratiques douteuses, voire abusives, que l’on avait déjà dénoncées en décembre 2020, y sont toujours légion.

Les magasins Hubside Store
Les magasins Hubside Store © Françoise Walravens - Rtbf

Un groupe Facebook "Arnaque SFAM, Indexia, Celside, Hubside" recense 3800 membres qui se plaignent au quotidien de "prélèvements frauduleux".

Les 130 boutiques Husbide Store qui vendent des téléphones mobiles reconditionnés notamment, appartiennent à la société française Indexia Group (ex-Sfam). Il y en a en Belgique, en France, mais aussi en Espagne, au Portugal et plus récemment en Italie. Ce groupe réalise 400 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 10% dans les assurances. Son PDG, Sadri Fegaier voit sa fortune progresser de jour en jour, grimpant aujourd’hui à 2 milliards d’euros, selon le site challenges.fr. Les clients lésés ne pèsent que 2% de son portefeuille de clients " a affirmé Indexia. Ce milliardaire pourrait encourir deux ans d’emprisonnement et 300.000€ d’amende.

Un groupe malgré tout sous la loupe des autorités :

  • une enquête du gendarme de l’assurance en France (ACPR)
  • une procédure française en cours en correctionnelle pour " pratiques commerciales trompeuses "
  • une première condamnation par la justice
  • des manifestations de clients devant le siège de la société à Romans-sur-Isère

L’Argus des Assurances a dévoilé le 18 mars que " les compagnies MMA et Axeria IARD ont décidé de ne plus assurer les contrats vendus aux particuliers par l’ex-SFAM pour les couvrir contre le vol ou la casse de leur téléphone portable ou ordinateur."

La série de procès sur "les arnaques commerciales subies par des milliers de clients" a débuté fin mars. La Répression des fraudes en France et l’UFC -Que Choisir poursuivent aussi cet assureur au pénal.

Prélèvements en série, parfois par d’autres sociétés du groupe Indexia pour ne pas attirer l’attention du client, refus multiples de résiliations de contrats.

Indexia groupe compte 6 sociétés : SFAM, Foriou, Hubside, Serena (AMP) et Cyrana et Celside Insurance. Des milliers de clients sont courroucés par ce courtier car les dérivent continuent.

Sadri Fegaier, le président fondateur de Indexia Group (Ex-SFAM)
Sadri Fegaier, le président fondateur de Indexia Group (Ex-SFAM) © Tous droits réservés

Chez nous aussi

En décembre 2020, nous avions enquêté sur les pratiques commerciales des magasins Switch. Des clients avaient constaté des prélèvements bancaires sur leur compte pour des services non sollicitésKévin avait été prélevé de 358€ en un mois pour des services non sollicités et Jean-Marc, 250€ en un mois. Ce dernier a réussi à stopper les prélèvements sinon, en 1 an, il aurait perdu : "1500 euros, le prix d‘un ordinateur ! "

Cette entreprise française a été condamnée en France en 2019 à payer une amende de 10 millions d’euros pour pratique commerciale trompeuse à la Direction générale de la répression des fraudes française (DGCCRF).

En Belgique, en mars 2022, l’autorité belge qui contrôle les marchés financiers, la FSMA, leur avait tapé sur les doigts et leur avait interdit de vendre des assurances sur notre territoire.

Nous avons été vérifié en magasin et c’est le cas ! Plus d’assurances vendues en ce moment, mais certains vendeurs nous ont dit qu’elles pourraient revenir. Par contre, dans les autres pays européens, ils en vendent toujours !

3 ans plus tard, rien ne change

Lors de notre première enquête, quelques clients lésés nous avaient contactés pour témoigner. Mais aujourd’hui, ce sont des dizaines et des dizaines de témoignages qui nous sont parvenus. 

Elisa, à qui on a retiré 80€ en une semaine pour un contrat signé qu’elle n’a pas pu lire sur la tablette en magasin. Alexis qui a été prélevé de 130 euros en une journée : "Je m’en suis rendu compte en allant faire mes courses pour manger. Je ne pouvais pas payer avec ma carte, mon solde était insuffisant. " Sans compter les autres clients victimes : Pierre, Anne-Sophie, Anaëlle, Mallaury, Alexandre, Astrid, Emy, Clara, Estelle, Lola, Sarah, Elynn, Marie, Léa, Soraya, Amel, Alison, Lucie, Elisa, Lucie. La liste est longue.

 

Des techniques de vente forcée

" Ce sont surtout les étudiants et les personnes âgées qui étaient les cibles idéales ". Comme nous le confie un ancien vendeur d’un magasin Hubside Store : " Lorsque j’ai été embauché, on a été invité au siège central en France et là, tout était offert. On nous a vendu du rêve. Ils nous ont expliqué leurs techniques de vente forcée : On ne pouvait pas lire toutes les conditions sur les contrats, mais on devait insister sur les 30 jours soi-disant "gratuits"

Ce sont surtout les étudiants et les personnes âgées qui étaient les cibles idéales.

 

Il précise: " On devait rester le plus flou possible, et surtout ne pas compter continuer ensuite, la liste de prix Ne jamais expliquer toutes les implications de leurs signatures en bas des contrats ! Nous devions faire signer sur le coin d’une tablette l’adhésion à de multiples et chers abonnements : fidélité, création de site web perso, location de matériel électronique. Avec en prime, une pression de la part de nos managers si on ne le faisait pas. Cela pouvait monter à ce qu’un client soit prélevé de 1 600 euros par mois. "

Le salaire était intéressant, mais c’est surtout les signatures qui rapportaient gros : "Le salaire était de 2 200€ par mois, à cela s’ajoutait des commissions : Plus on faisait signer des contrats, plus on gagnait.

Comme notre témoin était un bon vendeur, il faisait 6 nouveaux clients par jour et à chaque fois, il y avait 4 contrats. Au total 24 contrats signés. Comme il y avait 4 vendeurs, cela faisait 80 contrats par jour juste pour ce magasin.

Il continue à nous confier: " Au départ, je l’ai fait et puis, je me suis rendu compte qu’il y avait plus de clients mécontents qui revenaient que de nouveaux clients. La hot-line téléphonique pour arrêter les contrats ne répondait jamais et comme, il y avait 4 numéros de téléphone, un pour chaque contrat, cela décourageait les clients. Ils n’arrivaient donc pas à supprimer leurs contrats et ils avaient des prélèvements dont ils ne savaient même pas le pourquoi ! J’ai donc compris et décidé de ne plus faire signer de contrat. J’ai alors eu une pression énorme de mon manager et même quelqu’un de France est venu me parler. Je n’en dormais plus, rien que de savoir que des gens avaient des soucis financiers à cause de moi. J’ai fait un burn-out. "

Nous nous sommes rendus dans un magasin en janvier 2023 et nous avons repris toutes les plaquettes et formules proposées. Un dépliant publicitaire a retenu notre attention et a été analysé par Maître Olivier Bonhivers : " Je n’ai jamais vu de publicité aussi trompeuse. D’habitude, c’est plus subtil, ici, c’est vraiment mensonger ! "

" Pour cet Iphone 14 Pro Max à 199 €, vous devez l’échanger contre votre Iphone 13 en parfait Etat, ce qui est rarement le cas, mais surtout souscrire à un abonnement Infinite pendant minimum 6 mois. Si on fait le calcul, ce téléphone va coûter plus de 2500 € et même plus cher si l’abonnement n’est pas résilié.

Les clients lésés pourraient porter plainte au pénal. Mais bien souvent, les clients ne le font pas, car ce sont des petits montants et dès qu’ils persistent pour être remboursés ou se fâchent, ils remboursent. "

De plus en plus de clients mécontents, voire en colère. Des plaintes qui se multiplient. Nous avons contacté le SPF Economie qui nous a confirmé qu'une enquête est en cours, mais que comme plusieurs sociétés sont impliquées, cela prend du temps.

En France, L’UFC- Que Choisir les décrit comme un " système organisé ". L’association de consommateurs a, elle aussi, porté plainte en 2019 après que la DGCCRF a condamné Indexia à 10 millions d’euros d’amende pour "pratiques commerciales trompeuses".

Des procès débutent en France pour 5 de ses 6 sociétés : SFAM, Foriou, Hubside, Serena et Cyrana.Pourtant, rien ne semble arrêter ce courtier. Indexia Group projette de densifier sa présence en Europe, en France, en Espagne, au Portugal, en Belgique et en Italie, et d’exporter le concept aux États-Unis et aux Émirats Arabes Unis dans les prochains mois. Son objectif est d’atteindre 200 boutiques fin 2023, 500 d’ici à 3 ans.

 

Retrouvez "On n’est pas des pigeons" du lundi au vendredi à 18h30 sur la Une et en replay sur Auvio.

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