Culture & Musique

Howlin Banana Records : meilleur allié du rock indé français depuis plus de 10 ans

© Howlin Banana Records

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Par Aline Glaudot

A l’évidence, début 2011, peu d’entre nous donnaient cher de la peau des groupes à guitares qui osaient encore se produire devant un public nostalgique d’un courant musical qui s’essoufflait très sérieusement. C’est pourtant la même année que Tom Picton, la vingtaine à l’époque, décidait de monter son label rock Howlin Banana Records. Alors qu’un vent venu d’outre-manche revient souffler sur le rock indé made in France, on a eu envie de discuter du phénomène avec celui qui n’a jamais rien lâché et dont le label fête aujourd’hui ses 10 ans d’existence.

Brace! Brace !, Johnny Mafia, Special Friend, We hate you please die, Fontanarosa, Johnnie carwash, Hoorsees,… S’ils ne vous sont pas encore forcément familiers, ils font cependant partie de ces groupes qui commencent à se faire un nom sur la scène rock indé hexagonale et au-delà. Outre une même appétence pour le genre et la langue anglaise, ils ont en commun leur signature sur le label Howlin Banana Records.

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J’ai monté ce label tout seul et je le tiens encore essentiellement tout seul, de façon bénévole. Ce n’était pas l’intention de départ mais je signe toujours des groupes français, je me suis rendu compte que c’était quand même plus pratique de signer des groupes que je pouvais voir 4-5 fois par an, donc c’est devenu l’ADN du label.

Actif depuis 2011, le label tient la cadence ; sort près d’une dizaine de disques par an et signe autour de quatre nouveaux artistes chaque année. Il n’en a pas toujours été ainsi : "J’ai commencé avec un truc très garage rock au moment où en France, à cette époque, il y avait une grosse explosion de cette scène. Au départ en termes d’exposition c’était très compliqué. Mes attentes c’était de taper une émission locale qui parlait de garage, un fanzine ou deux et puis des blogs. On était plusieurs à se lancer et avoir des prétentions finalement assez limitées."

C’était chaud, voire impossible, d’avoir les Inrocks, Télérama, Rock & Folk qui à l’inverse, aujourd’hui, parlent beaucoup de petits groupes français indés.

Holy Internet

Faut dire que depuis un petit temps la tendance tend à s’inverser permettant à une scène française shoegaze, indie rock, post-punk, jusqu’ici presque décriée et relayée au second plan, de renaître de ses cendres. "Je pense qu’Internet a changé la donne. Je vois les groupes avec lesquels je bosse, ils ont une culture musicale assez hallucinante à laquelle ils n’auraient pas eu accès il y 20-30 ans. Ils ont accès à la même chose que des gamins qui grandissent dans des pays anglophones, du coup les influences sont aussi riches qu’ailleurs et le matériel est aussi beaucoup plus accessible".

Les groupes avec lesquels je bosse écoute à 90% de la pop et du rock anglophone.

Une meilleure accessibilité au catalogue musicale outre-manche et outre-atlantique (notamment) qui permet également de décloisonner la France, les artistes et nombreux médias sur le fait de faire de la musique anglophone dans l’hexagone : "Je pense qu’en France, du point de vue des médias, il y avait un blocage vis-à-vis de la musique anglophone faite par des Français et je pense qu'ici encore Internet a fait changé les choses."

La revanche des provinces

Si Paris reste de tout temps un laboratoire et pourvoyeur de band, "à Paris il y a globalement toujours eu des groupes. Ça s’explique forcément par un apport constant de musiciens qui viennent pour les études et le boulot, par la multitude de scènes et du monde qui gravite autour. Paris il y a toujours eu une scène rock à toute époque", on observe avec un certain enthousiasme, la prolifération de ce même genre de formation dans les villes de province.

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Un phénomène pas forcément récent certes mais qui avec l’explosion d’Internet et des réseaux tend à leur donner un nouveau souffle et un joli coup de projecteur, le nord de la France en tête de file : "En ce moment il y a une super scène à Rouen [ndlr: MNNQS, We hate you please die, Unschooling,…], il y en a une à Rennes qui s’est calmée entre 2011 et 2015 mais qui revient. A Bordeaux il se passe beaucoup de choses aussi. En région c’est vraiment par cycle et ça tient à pas grand-chose parfois, au nombre de cafés-concerts ouverts, d’assoc sur place qui organisent des concerts. On remarque souvent une rotation entre les villes, à Lyon il se passe pas mal de trucs en ce moment alors qu’il y a eu un petit coup de mou ces dernières années. Je dirais que tous les 4-5 ans ça bouge de ville. "

 

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Et vu que dans le rock rien ne se perd, rien ne se crée, que tout est question d’alternance, de boucle et de rotation, on observe également dans la plupart de ces groupes un retour indéniable des 80’s et des années 90. Une nostalgie plus ou moins marquée et assumée selon les groupes dans les sonorités, l’esthétique, le look, le merchandising : "Il y a quelques années, vers 2011/2015, c’était plutôt les années 60, il y a quelque chose de cyclique là-dedans. De mon côté, j’ai grandi dans les années 90 donc c’est une forme de nostalgie qui me parle évidemment un peu. J’aime beaucoup le rock indé anglais et US de cette période donc forcément ça me plaît plutôt de voir les groupes s’en inspirer aujourd’hui."

Le Rock français est mort, vive le Rock français ! On ne peut que vous inviter dès maintenant à découvrir le riche et florissant catalogue de ce Sub Pop à la française qui se passionne à dénicher et faire éclore le meilleur du pop rock chez nos chers voisins.

Sur ce, on vous laisse avec les parisiens de Brace ! Brace ! et le single "Places" issu de leur tout nouvel album "Care", sorti il y a quelques jours à peine.

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