Patrimoine

Hiéroglyphes : qui était Jean-François Champollion ?

Qui était Jean-François Champollion ?

© montage créé à partir d’images dans le domaine public

Par Johan Rennotte via

Il y a exactement 200 ans, un homme va inscrire son nom dans l’histoire en parvenant à décoder le sens des hiéroglyphes égyptiens. Jean-François Champollion est aujourd’hui considéré comme "le père de l’égyptologie moderne". Mais qui était cet homme, fervent admirateur de l’Egypte antique décédé trop tôt, et que lui doit-on réellement ?

Avant de s’écrire sur les bords du Nil, l’histoire de Champollion commence dans la petite ville de Figeac, dans le Lot, où il naît en 1790, en pleine Révolution française. On ne sait pas très bien ce qui tient du mythe ou de la réalité dans sa biographie, tant les événements peu anodins s’y bousculent. On dit que sa mère âgée de 48 ans, à l’agonie à cause de rhumatismes persistants, fut miraculeusement soignée avant de tomber enceinte. Un mystique lui aurait alors prédit que l’enfant à venir serait "la lumière du siècle à venir". On dit aussi qu’à peine âgé de cinq ans, le petit Jean-François apprit seul à lire dans les pages d’un missel, et qu’à huit ans il lisait déjà les textes des auteurs grecs classiques.

Jacques-Joseph Champollion-Figeac, frère ainé et mentor de Jean-François Champollion

Ce qui est certain, c’est que sa passion pour les écritures et langues anciennes, il la doit surtout à son frère Jacques-Joseph, de douze ans son aîné. Ce dernier le prend sous son aile, et lui transmet son intérêt pour l’archéologie et les textes anciens. Nous sommes au début du 19e siècle, une période où l’Orient fascine en Europe, et où artistes et érudits se font une image idéalisée des pays d’Asie et d’Afrique du Nord. Les Champollion n’échappent pas à cette mode de l’orientalisme.

Jean-François s’intéressera aux langues classiques, à l’hébreu, au persan, à l’arabe. Il étudiera le syriaque, l’étrusque et le chaldéen. Mais parmi tous ces dialectes, toutes ces civilisations, ses préférences vont indéniablement à l’Egypte. On lui attribue une citation :

De tous les peuples que j’aime le mieux, je vous avouerai qu’aucun ne balance les Égyptiens dans mon cœur.

Une trouvaille qui va changer l’histoire

Un estampage de la pierre de Rosette qui a permis à Champollion de déchiffrer les premiers hiéroglyphes

Il n’a que 18 ans lorsqu’il est nommé professeur adjoint à l’université de Grenoble. A cette période, un sujet passionne linguistes, archéologues et érudits de toute l’Europe : parviendra-t-on à décoder le sens des hiéroglyphes grâce à la pierre de Rosette, retrouvée quelques années plutôt lors de la campagne napoléonienne en Egypte ? Si la pierre est physiquement en Angleterre, pays ennemi de la France, des transcriptions de son texte circulent un peu partout dans les cercles scientifiques. Et c’est précisément grâce à l’une d’elles que Champollion, qui ne verra jamais la pierre de ses propres yeux, va parvenir à comprendre le système hiéroglyphique.

Avec sa découverte, Champollion a enfin ouvert la porte à une compréhension de l’Egypte ancienne, dont on fantasmait beaucoup l’histoire auparavant. Une voie dans laquelle une foule de scientifiques vont pouvoir s’engouffrer durant deux siècles. A présent, on pourra identifier des momies, appréhender la complexité de la religion aux dieux très nombreux, mieux dater les monuments, établir une chronologie plus précise des âges et des règnes des pharaons, comprendre la vie quotidienne des Egyptiens et Egyptiennes.

Au British Museum, où elle est conservée, la pierre de Rosette attire les scientifiques de l’époque.
Au British Museum, où elle est conservée, la pierre de Rosette attire les scientifiques de l’époque. © - domaine public

L’homme sera porté en héros en France. Fais chevalier de la légion d’honneur à 35 ans seulement, il est nommé conservateur des collections égyptiennes du Louvre sans même avoir jamais mis un pied au pays du Nil. Si la collection du musée est aujourd’hui aussi impressionnante, c’est en grande partie grâce aux acquisitions menées par Champollion. Mais l’érudit n’a pas que des amis. Des voix remettent en cause son travail, soulignent des erreurs, et l’accusent même de s’être inspiré de l’Anglais Thomas Young sans l’avoir crédité.

Jean-François Champollion représenté "à l'orientale" lors de son voyage en Egypte, par Giuseppe Angelelli

Qu’importent les critiques, Champollion et son travail sont reconnus par les hautes sphères, ce qui lui permet d’enfin réaliser son rêve. En 1828, il part pour l’Egypte. Emerveillé par ce qu’il y trouve, la profusion des hiéroglyphes lui permet d’affiner la grammaire qu’il est en train de mettre en place. Après six mois passés sur place à étudier la civilisation antique, il revient en France.

Mais l’homme a un défaut, sa santé fragile. Son voyage et la quarantaine qu’il doit subir à son retour n’ont pas arrangé son état. Rongé par la goutte et la tuberculose, Jean-François Champollion décède à Paris en 1832 après avoir sans doute contracté le choléra. Il n’a que 42 ans.

Tous les manuscrits du savant son donné à l’Etat, et déposé à la Bibliothèque nationale un an seulement après son décès. Entretemps, pour assurer la pérennité de l’héritage de son frère, Jacques-Joseph fait publier ses recherches qui serviront, durant des décennies, à quantité d’égyptologues. Les travaux d’un jeune homme du Lot vont permettre à un pays entier de renouer avec son histoire, à une civilisation disparue d’entrer dans la lumière.

Ne ratez pas le documentaire "Le palais des hiéroglyphes. Sur les traces de Champollion." dans Retour aux Sources, ce samedi 17 septembre à 20h35 sur la Trois. A revoir en replay sur AUVIO durant 90 jours

Réécoutez l'épisode d'Un jour dans l'Histoire consacré à Champollion et son voyage en Egypte

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