Dans son étude, Delphine Bauloye s’est volontairement décalée des études sur le genre et parle de mixité de sexe et non de genre. Comme l’indique François Dubet, "si toutes les différences produisent des inégalités et si toutes les inégalités peuvent être tenues pour injustes, il n’est pas forcément souhaitable et raisonnable d’en tirer la conclusion qu’on doit abolir toutes les différences, fussent-elles socialement construites". Dans cet état d’esprit, Delphine Bauloye a voulu être vigilante et donner la parole aux jeunes en s’éloignant de positions plus tranchées sur la question du genre.
Pour ce faire, elle a utilisé deux méthodes. Dans un premier temps, des rencontres de groupe menées dans trois écoles de Schaerbeek (l’Athénée Fernand Blum, l’Institut Sainte-Famille et l’Institut Saint-Dominique). L’outil Motus a été utilisé dans 15 classes mixtes avec un âge moyen de 13 ans, ce qui constitue un nombre de 104 filles et 116 garçons au total. À partir de l’analyse de ces données, ont été ensuite définies des catégories à explorer durant des entretiens de type compréhensif auprès de 12 jeunes entre 15 et 18 ans (6 filles et 6 garçons).
La rencontre de ces jeunes est menée avec l’accord préalable des parents et des jeunes auxquels le cadre de la recherche est bien explicité (implication et volontariat, écoute bienveillante, confidentialité et discrétion).
L’analyse de ces données a pu mettre en avant une certaine difficulté de se parler fille et garçon au sein de l’école parce que leur rencontre est, la plupart du temps, connotée sexuellement par les autres. Il semble que les jeunes doivent se justifier entre eux sur les choix qu’ils font de manière individuelle, ce qui questionne la position que les adultes peuvent prendre pour les dégager de l’ordre du genre.
Cette première étude réalisée par Delphine Bauloye a été supervisée par la sociologue Danièle Peto, Directrice du service de recherche du département social et de communication de la Haute École ICHEC-ECAM-ISFSC.
Depuis ce début d’année, Delphine Bauloye est également membre du Comité scientifique de l’ONE et s’est récemment formée à l’animation d’ateliers de la pensée joueuse. Cela rejoint l’intérêt qu’elle accorde à la prévention de plus en plus précoce pour développer l’empathie des enfants et soutenir le vivre ensemble.