Des heurts entre Palestiniens et policiers israéliens ont fait au moins 169 blessés vendredi soir sur l’Esplanade des Mosquées de Jérusalem, selon les secouristes et les forces de l’ordre.
La police israélienne a fait état d’au moins six blessés dans ses rangs tandis que le Croissant-Rouge palestinien a compté au moins 49 manifestants blessés et déclaré que les "chambres dans les urgences" des hôpitaux de la ville étaient "pleines", ce qui laissait présager que le bilan pouvait encore s’alourdir.
Egalement à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis 1967, des heurts ont opposé manifestants palestiniens et policiers israéliens dans le quartier de Cheikh Jarrah, théâtre de protestations ces derniers jours contre une possible éviction de familles palestiniennes au profit de colons israéliens.
Alliés d’Israël, les Etats-Unis ont appelé à la "désescalade" des tensions à Jérusalem et à "éviter" l’éviction de familles palestiniennes.
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Sur l’esplanade des Mosquées, les heurts, qui se poursuivaient en fin de soirée, opposent fidèles palestiniens aux policiers israéliens qui gardent les accès de ce troisième lieu saint de l’islam.
Des "centaines d’émeutiers ont lancé des pierres, des bouteilles et d’autres objets en direction des officiers qui ont riposté", a indiqué la police israélienne. Le porte-parole de la police, Wassem Badr, a évoqué des "troubles violents".
Des dizaines de tirs ont été entendus depuis l’esplanade, où une foule de musulmans était rassemblée en ce dernier vendredi du mois de jeûne du ramadan. De la fumée s’est élevée au-dessus du lieu situé dans la Vieille Ville de Jérusalem.
À tout prix
Des affrontements ont lieu également à la porte de Damas, l’une des entrées de la Vieille Ville à Jérusalem-Est, ont constaté des journalistes de l’AFP.
"Nous tenons Israël pour responsable des dangereux développements dans la Vieille Ville", a affirmé Mahmoud Abbas, le président palestinien en qualifiant les Palestiniens rassemblés sur l’esplanade de "peuple héroïque".
Le mouvement islamiste palestinien armé Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a appelé les Palestiniens à rester sur l’esplanade de samedi soir à jeudi matin, date à laquelle prend fin le mois de ramadan.
"L’occupation israélienne doit réaliser que la résistance est prête à défendre (la mosquée) Al-Aqsa à tout prix", a affirmé le groupe.
Les derniers affrontements entre policiers israéliens et fidèles sur l’esplanade des Mosquées remontent à août 2019 et avaient fait des dizaines de blessés palestiniens, le jour d’importantes commémorations juive et musulmane.
Deux Palestiniens tués un peu plus tôt
Les nouvelles violences surviennent dans un contexte de vives tensions dans le secteur oriental de Jérusalem annexé par Israël, et en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Plus tôt dans la journée, les forces israéliennes ont tué deux Palestiniens et blessé un troisième, qui avaient ouvert le feu sur des gardes-frontières dans le nord de la Cisjordanie, sans faire de victimes israéliennes.
Profondément préoccupés
Dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est, une centaine de Palestiniens sont de nouveau descendus dans la rue, mais la police les a dispersés à coups de grenades assourdissantes, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le Croissant rouge a fait état de blessés, sans en préciser le nombre.
Seule une poignée de manifestants étaient encore sur place en fin de soirée au milieu d’une importante présence policière.
"Nous sommes profondément préoccupés par la hausse des tensions à Jérusalem", a indiqué le département d’Etat américain qui s’est dit "préoccupé par les évictions potentielles de familles palestiniennes" à Jérusalem-Est, "dont plusieurs vivent bien entendu dans leur maison depuis des générations".
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L’ONU a, elle, exhorté Israël à mettre fin à toute expulsion forcée de Palestiniens, avertissant que ses actions pourraient constituer des "crimes de guerre".
Les violences de vendredi ont coïncidé avec la "Journée d’Al-Qods (Jérusalem en arabe)" célébrée annuellement dans des pays de la région et principalement en Iran, ennemi juré d’Israël, en soutien aux Palestiniens.
A Téhéran, l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique d’Iran, a prôné le combat contre Israël, qualifié de "base terroriste". Pour lui, la "chute du régime sioniste ennemi" est inéluctable.