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Gwenshana : un ego mesuré pour un talent hors norme

Gwenshana pour la sortie de son premier EP, Ego.

© Amelie

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Par Maxime Vandenplas

Mathieu Grillo alias Gwenshana débarque avec son premier EP intitulé Ego. 4 pépites sonores abordant la thématique de la lutte avec son moi intérieur, l’empathie et l’honnêteté musicale. Rencontre avec un artisan du groove mélancolique à la sensibilité plus que touchante.

Salut Mathieu, comment tu vas aujourd’hui ? Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots et nous expliquer ton parcours ?

Alors, je suis né à Anvers et j’ai des origines italiennes et belges. J’ai fait ma scolarité au Kunst Magnolias à Bruxelles où j’ai étudié la batterie. Après cela, j’ai continué à étudier cet instrument pendant 2 ans mais en Amérique à Boston, à la Berkley College of Music. C’est le moment de ma vie où musicalement, je me suis complètement ouvert. Tout tournait autour de la musique. J’ai ensuite voulu me rapprocher de la maison, j’ai donc décidé de m’installer à Londres pour terminer mes études de batterie et je me suis lancé dans un master en composition de musique de film.

Ces études m’ont permis de bosser dans la publicité à Bruxelles. J’ai composé plusieurs jingles et enregistré plusieurs publicités radio et télé. Malgré mon boulot dans le milieu publicitaire, j’ai toujours continué à faire de la musique. Cependant, je n’ai jamais été très loin avec cette dernière. C’était surtout pour m’exprimer et faire face à mes émotions. Puis, après le premier confinement, j’ai décidé que je devais me lancer ! Ce sont 4 titres très importants pour moi et qui ont marqué des moments clés de ma vie. Ces derniers m’ont forcé à faire face à mon ego.

Pourquoi abordes-tu cette thématique de l’ego ? Qu’est-ce qu’elle évoque pour toi ?

J’ai toujours trouvé cette thématique super intéressante parce qu’on en a tous un. Parfois, il nous aide, nous pousse dans la bonne direction mais des fois, il nous joue des tours de magie négatifs. Pour ma part, j’ai toujours du mal à savoir comment je dois l’utiliser. Est-ce que je dois me mettre en avant ou rester en arrière ? Ce disque est en fait tout simplement ma manière d’exprimer mon ego à travers 4 chansons.

D’où vient ton nom de scène Gwenshana ?

J’ai décidé de choisir ce nom, il y a 5 ans, lorsque j’ai décidé de sortir mes premiers morceaux. C’est en fait, une sorte d’hommage que je rends à mon frère adoptif. Il est d’origine coréenne. Lorsque j’étudiais en Amérique, j’ai beaucoup joué avec des musiciens coréens et même dans des églises coréennes. Je ne comprenais pas grand-chose excepté la musique. J’entendais souvent ce mot "gwenshana" revenir dans les dialogues. Ce dernier signifie : "ça va, it’s ok". Vu que mon frère et moi, nous n’avons pas une relation super-soudée, c’était ma manière de lui dire que tout allait bien et qu’il ne devait pas s’inquiéter.

Quelle est l’impulsion qui t’a donné envie de faire de la musique ?

J’ai commencé la musique par hasard. J’avais 12 ans et je jouais énormément aux jeux vidéo. Ma mère m’a demandé de faire autre chose de mes journées. Je me suis donc inscrit dans un cours de musique et j’ai opté pour la batterie. Dès le premier cours, je suis tombé amoureux de cet instrument. Durant 2 ans, j’ai joué énormément et notamment dans beaucoup de groupes. À un moment donné, j’en avais 5 et je ratais à l’école. Je ne pensais plus qu’à la musique. J’ai eu la chance d’avoir un père qui m’a toujours poussé et il a trouvé une école qui permettait d’étudier les cours généraux mais aussi cette dernière. Le tout supervisé par des professeurs super expérimentés. C’est à ce moment précis que je me suis dit que j’avais trouvé ma place.

Dans ta musique on ressent quelque chose de mélancolique mais aussi de très funky. Tu dirais que c’est deux pans de ta personnalité ?

Je l’ai jamais vu comme cela, mais en fait, peut-être que oui. Je suis quelqu’un d’assez spontané mais je pense aussi énormément au passé. Il y a également un mélange relié à mes expériences passées en tant que batteur. J’ai consacré 12 ans de ma vie à cet instrument et à me concentrer sur le groove. Ma première référence, c’est ce dernier. Le côté mélancolique vient probablement dans l’écriture des textes. C’est le pan cérébral qui me fait réfléchir avec mes émotions.

Quand on lit ton communiqué de presse, une notion revient souvent, celle de vérité. Qu’est-ce que cette dernière évoque pour toi ? Pourquoi l’avoir mit au centre de ta sortie ?

Pour moi, la vérité dans la musique est extrêmement importante. Je travaille pour beaucoup de musiciens et d’artistes. Lorsque je collabore avec d’autres personnes, je dis toujours que notre travail doit être complètement honnête sinon les gens ne vont pas y croire. Peut-être que tu ne vas pas aimer un morceau car ce n’est pas ton style mais si c’est honnête, ça se ressent. Tu comprends qu’un titre l’est en l’écoutant attentivement et si cela te touche, c’est qu’il est produit avec honnêteté. Ce qui veut aussi dire quelque part que la vérité n’est pas la même pour tout le monde. Cet EP est aussi un peu ma vérité que j’ai crachée en 4 tracks.


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Comment tu produis ta musique ? Est-ce toi qui as joué tous les instruments présents sur l’EP ?

En fait, j’ai tellement fait de batterie que je ne commence jamais par celle-ci. Je cherche à sortir de mon confort. Normalement, je débute avec la voix et le piano. S’ils fonctionnent bien ensemble, c’est parfait. Dès que j’ai cette structure, j’ai la chanson. Même si cette dernière peut au final partir dans une direction totalement différente. Le fond est le même, ce qu’il reste à faire, c’est de l’arrangement musical.

Il y a un an, j’ai rencontré mon ami, Tim Cogans. Il est basé sur Bruxelles et est d’origine australienne. Nous avons vraiment les mêmes atomes crochus musicaux. Lorsque je l'ai rencontré, j’ai voulu travailler avec lui et il m’a apporté beaucoup de choses. Il est claviériste, trompettiste et tromboniste. Nous avons travaillé ensemble les grandes structures des titres présents sur l’EP. J’ai aussi beaucoup d’autres amis musiciens qui sont venus bosser sur ma musique. Nous avons tous collaboré dans une ambiance très cool. Toutes ces personnes ont chacun leur propre style et c’est ce qui donne du charme aux 4 titres de l’EP.

Dans ton communiqué, on lit également que tu es quelqu’un de très introspectif et que tu as dédié ta vie à creuser profondément dans les pensées et les sentiments des autres. Est-ce qu’on peut dire que cette sortie est aussi à propos de l’empathie ?

Oui, c'est une notion qui est très présente dans mon EP. J’espère que ma musique et les émotions qu’elle produit peuvent aider les gens qui l’écoutent dans les moments difficiles. Comme nous en avons parlé juste avant, nous avons tous un ego et nous devons tous y faire face. Ce qui n’est pas simple. À cause de cet ego, nous rejetons aussi beaucoup de choses. Mon but est de toucher les gens avec une musique qui est chargée en émotions. Elle n’est pas la plus facile à écouter mais c’était intentionnel.

Pourquoi as-tu décidé de mettre un effet sur ta voix ?

Il y a plusieurs raisons à cela. La première est que je ne suis pas un grand fan de ma voix comme tous les chanteurs vont le dire. Je trouve qu’elle ne pèse pas assez. La deuxième est que l’effet m’a procuré un déclic qui m’a permis de sortir mes titres. Sans effet, j’aurais sorti mon EP mais la recherche pour la production de ma voix aurait été encore plus longue. J'ai trouvé que la machine que j’ai utilisée produit un son assez agressif comparé à ma voix naturel. Le rendu collait parfaitement avec le style de morceaux que je voulais produire. Ceci dit, j’ai d’autres chansons que j’ai gardé pour plus tard sur lesquelles, je n’utilise aucun effet. La voix, c’est un instrument compliqué parce qu’elle est attachée à notre corps et augmente notre vulnérabilité.

Quelles sont tes prochaines actualités ?

Ce mercredi 21 juillet, c’est la sortie de l’EP Ego. Nous avons aussi réalisé une vidéo assez conceptuelle pour le single. C’est une performance live mais mélangée à un clip vidéo. J’espère que cela plaira aux gens. Et pour le futur, j’ai encore quelques titres qui devront sortir.


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