M. Petro prône la rupture avec les élites qui ont traditionnellement gouverné la Colombie. Son ascension effraie d'ailleurs les conservateurs, hommes d'affaires, grands propriétaires et militaires, qui craignent un "saut dans le vide" si la gauche l'emporte.
Ses adversaires se font d'ailleurs un plaisir de l'attaquer sur son passé au sein du M-19, une guérilla d'extrême gauche d'origine urbaine qui a signé un accord de paix en 1990.
Le candidat du "changement" se décrit comme un "progressiste" plutôt que comme un "gauchiste", conscient du rejet que le terme peut susciter dans un pays martyrisé par six décennies de conflit avec différentes guérillas.
Menacé de mort à plusieurs reprises et contraint à un exil de trois ans en Europe, il est aujourd'hui un des hommes politiques les plus protégés par les forces de sécurité qu'il a lui-même combattues: il tient meeting vêtu d'un gilet pare-balles, entouré de boucliers blindés et d'une vingtaine de gardes du corps.
En février, cet économiste de formation a avoué à l'AFP sa peur d'être assassiné.
Combattant "médiocre"
La rébellion de Gustavo Petro, issu d'une famille de la classe moyenne et éduqué par des prêtres, prend racine dans son rejet du coup d'Etat militaire au Chili en 1973 contre le président Salvador Allende, ainsi que dans une présumée "fraude électorale" à la même période contre un parti populaire colombien.
Grand admirateur du Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez, il avait adopté pendant sa clandestinitié le nom d'Aureliano, personnage de "Cent ans de solitude".
Mais il a toujours été un combattant "médiocre", ont raconté ses compagnons d'armes. Arrêté et torturé par l'armée, il a été emprisonné pendant un an et demi.
Dans ses mémoires, il écrit : "A la différence de nombre de mes camarades, je ne me suis jamais senti une vocation militaire (...) ce que je voulais faire c'était la révolution". Depuis il se présente comme un "révolutionnaire" dans plusieurs domaines, "avec une préférence pour (aider) les plus pauvres".