Soutien, indifférence, malaise
La grande majorité des Russes restent cependant indifférents aux événements en Ukraine, voire soutiennent leur président, même si un malaise est perceptible. Les médias officiels leur parlent depuis des années des "fascistes" au pouvoir à Kiev qui commettent un "génocide" contre les russophones d’Ukraine.
Le musée d'art contemporain de Moscou Garage a annoncé fermer ses portes samedi, refusant "d'entretenir l'illusion de la normalité". Et deux députés communistes qui avaient voté pour la reconnaissance de l'indépendance des séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine mardi ont dénoncé l'invasion. "J'ai voté pour la paix, pas pour la guerre, pas pour qu'on bombarde Kiev", a écrit le député Mikhaïl Matveïev.
Le mot "guerre" est désormais interdit dans tous les médias russes par le régulateur des télécommunications. Une dizaine de médias indépendants qui ne suivaient pas le narratif officiel à la lettre ont été remis au pas. La télévision ne diffuse aucune image de guerre en Ukraine. Il est question d’une "opération spéciale" dans le Donbass et quelques images montrent des villes ukrainiennes calmes et désertes.
Il y a des gens en Russie qui n’acceptent pas les actes méprisables des autorités, qui ont fait de l’État et du peuple russes un instrument de leurs crimes
Face à la répression systématique des gestes de contestation, la résistance silencieuse se déplace dans le cyberespace. Les drapeaux ukrainiens fleurissent sur les photos de profils tout comme les émojis aux yeux baignés de larmes. Des célébrités plaident pour une cessation immédiate de cette guerre au coeur de l'Europe.
Plusieurs lettres ouvertes ou pétitions circulent. L’une des plus signées sur change.org (près de 800.000 à cette heure) lance cet appel : "Faites-le au moins pour montrer au monde qu’il y avait, qu’il y a et qu’il y aura des gens en Russie qui n’acceptent pas les actes méprisables des autorités, qui ont fait de l’État et du peuple russes un instrument de leurs crimes."