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Guerre en Ukraine

Guerre en Ukraine : un piratage informatique, le #wagnerleaks, dévoile la structure secrète du groupe Wagner

Déclic et des claques

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Depuis des mois, les paramilitaires de Wagner sont entrés dans l’actualité. Ce mystérieux groupe de mercenaires russes mène l’invasion de l’Ukraine dans les tranchées de Bakhmout, pour le compte de l’armée russe.

Son patron, Evgueni Prigogine n’a confirmé l’existence du Groupe Wagner que il y a quelques mois seulement. Pourtant, les mercenaires de Wagner occupent le terrain depuis plusieurs années en Afrique, en Syrie ou en Libye. Depuis lors, les observateurs internationaux tentent de comprendre comment fonctionne le Groupe Wagner, structure extrêmement opaque.

Il y a quelques jours, des hackers ont levé un coin du voile sur le fonctionnement de ce qui semble être une grande nébuleuse. Au début de l’automne 2022, ces hackers sont parvenus à pénétrer dans le système informatique, sur les serveurs du groupe Wagner. Là, ils ont trouvé plus d’un million de fichiers : des factures, des documents de travail, des mails internes… Les hackers ont maintenu la porte ouverte – l’accès au réseau – pendant des mois, et ils ont siphonné toutes ces données.
Cette fuite de données s’appelle le #wagnerleaks.

400 sociétés, réelles ou fictives, en lien avec le groupe Wagner

Une série de journalistes ont obtenu certains fichiers : Die Welt, Insider, Paris Match, Arte… Et Dossier Center.

Dossier Center, c’est un média d’opposition russe, financé par Mikhaïl Khodorkovski, dissident, ancien oligarque, ancien homme le plus riche de Russie, ancien patron de la compagnie pétrolière Youkos, arrêté en 2003 parce qu’il avait appelé à lutter contre la corruption.

Il y a trois jours, Dossier Center a mis en ligne une grande enquête, sur base de ces fuites, en les recoupant avec des informations déjà connues, une enquête titrée "La cyberarmée de Prigojine", du nom du patron de Wagner.

On savait déjà qu’Evgueni Prigojine était à la tête de Wagner, (la SMP Wagner) groupe paramilitaire qui agit en Ukraine mais aussi en Afrique, en Syrie, etc. On savait que la structure faîtière se nomme Concord Group (qui fait de la restauration pour l’État russe, de la construction, de l’hôtellerie, du pétrole, de la transformation de viande, du conseil politique).
On savait enfin qu’il y a une troisième entité : l’Internet research Agency, basée à Saint-Pétersbourg. C’est ce qu’on appelle une ferme à trolls. C’est le grand bras connu de la désinformation pro-Kremlin, qui a notamment, plus que probablement, agi sur la campagne présidentielle américaine 2016, lors de l’élection de Donald Trump.

Ce que l’on découvre aujourd’hui, c’est 400 autres sociétés, réelles ou fictives qui appartiennent à Evgueni Prigojine et qui sont interconnectées avec ces grands pôles : paramilitaire, désinformation et logistique. La conclusion des enquêteurs de Dossier Center est que toutes ces sociétés sont organiquement liées, les unes travaillent pour les autres.

L’enquête de Dossier Center donne quelques exemples du fonctionnement de cette constellation de sociétés.

Les soldats blessés de Wagner se rétablissent dans le centre de loisirs construits par Concord, les trolls qui font de la désinformation à Saint-Pétersbourg sont installés dans le bâtiment construit par le service BTP de Prigojine. Les avocats et les financiers examinent les contrats de concession, à Saint-Pétersbourg aujourd’hui, et à Antananarivo (à Madagascar) ou Bangui (en République centrafricaine) demain. Même chose pour les élections : les mêmes 'technologues' politiques vont sceller des contrats pour tenter d’interférer dans des élections en Russie, en Libye, en Afrique du Sud ou au Mozambique.

Les employés (qui doivent passer au détecteur de mensonges avant d’être embauchés) sont régulièrement transférés d’un projet à l’autre : ceux qui hier choisissaient des meubles pour l’appartement de la fille de Prigojine organiseront le lendemain les processus de filtration d’un camp de prisonniers ou calculeront le nombre de planches nécessaires pour fabriquer les milliers de cercueils destinés aux mercenaires tués en Ukraine.

Ce qui apparaît dans les documents siphonnés par les hackers, c’est une énorme structure qui, à la fois, ressemble à l’Etat russe et à une multinationale du crime, avec derrière, un seul homme : Evgueni Prigojine.

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